dimanche 4 avril 2010

La démocratie à l'Iraqienne

Je suis resté assez silencieux sur les résultats en Iraq, parce qu'il est assez difficile de prendre du recul par rapport aux différentes querelles, coups de poker et autres démarches farfelues de ces dernières semaines. La palme revient tout de même à Moqtada al-Sadr qui, avec ses 40 sièges, risque de jouer un rôle proéminent dans le choix du prochain Premier ministre iraqien, comme je l'avais envisagé. Pour déterminer qui il soutiendra, il a décidé d'organiser un référendum ouvert à tous les Iraqiens pour qu'ils choisissent leur Premier ministre préféré. Un référendum dans le désordre et la précipitation, mais l'initiative est juste tellement bluffante qu'on ne peut que la saluer. A l'opposé, la commission électorale continue de défavoriser l'alliance Iraqiyya menée par Iyad Allawi, qui a remporté 91 sièges, soit deux de plus que Nouri al-Maliki. Et quand même, un prix spécial au Premier ministre qui, alors qu'il est en charge de toutes les institutions, affirme qu'il y a eu des fraudes électorales à son encontre !

En tous cas, cette élection a révélé de nombreux points intéressants sur le fonctionnement du processus électoral en Iraq. Rod Nordland du New York Times nous détaille plusieurs aspects qui méritent d'être remarqués :

* Etre au pouvoir n'a pas forcément aidé à remporter le vote. Seuls 62 des 275 parlementaires ont conservé leur siège.
* Le sectarisme demeure toujours présent, mais a considérablement réduit depuis la chute de Saddam Hussein. Dans la province d'Anbar, principalement sunnite, la liste Iraqiyya a largement dominé les partis sunnites, qui n'ont de toute manière pas été capable de séduire leur propre électorat en général. 
* Le tribalisme n'a pas été un avantage pour tout le monde. Hamid Shafi al-Issawi dans la province d'Anbar n'a même pas réussi à réunir suffisamment des 50000 votes de sa tribu pour gagner le scrutin.
* Le patronage n'a pas non plus servi à tous les candidats. Le ministre de l'Intérieur, à la tête d'une bureaucratie de 500000 personnes, n'a réuni que 3000 voix et a perdu son siège. Le ministre de la Défense, à la tête de l'armée de 150000 personnes, n'a réuni que 887 voix. Même al-Maliki s'est moqué de la raclée que s'est pris son ministre !
* La publicité n'a pas non plus aidé. Ali Faisal al-Lami, qui était à la tête de la commission ayant disqualifié de nombreux candidats pour "baassisme", était très connu et faisait constamment la Une, pourtant il n'a pu faire mieux que 703 voix.

Bref, ces élections ont été très surprenantes, mais le chemin va être très long avant qu'une coalition émerge.

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