mardi 2 mars 2010

Steven Cook revient sur les relations AKP-militaires en Turquie

J'ai déjà fait part de ma grande sympathie pour les travaux de Steven Cook. Forcément, avec l'arrestation de 49 officiers en Turquie, il n'était qu'une question de temps avant qu'il ne dégaine un article qui vienne faire pâlir tous les autres. Et c'est désormais chose faite sur le site de son think tank Council on Foreign Relations. Son article est vraiment à lire, car il connaît extrêmement bien le rôle des militaires en Turquie. Il revient sur les développements de ces dernières années et plus particulièrement la manière dont AKP a réussi à museler l'influence des officiers dans l'apparatchik politique turc.

Le passage essentiel pour comprendre son raisonnement, qui consiste à dire qu'il ne faut pas exagérer le pouvoir des militaires, est celui-ci :

Bien que l'arrestation de 49 officiers fassent la Une des journaux, le fait est que la préconçu consistant à percevoir les militaires turcs comme tout puissant est en grande partie incorrect. Les officiers se conçoient comme les gardiens des principes de sécularisme et de républicanisme de Mustafa Kemal Atatürk. Cependant, le kémalisme - du moins l'interprétation des idées d'Atatürk par les officiers - exige un conformisme politique terne qui n'a jamais accommodé les Kurdes, les pieux Musulmans, les Arméniens, la petite communauté grecque, et, la société turque devenant de plus en plus moderne et complexe, ceux qui veulent vivre dans un système politique plus démocratique.  

Le fait que les officiers ont dû intervenir quatre fois en cinq décennies démontre leur incapacité à imposer la volonté politique des militaires sur la société. Il est certain que les coups de 1960, 1971, 1980 et le coup "post-moderne" de 1997 illustrent l'importante force de frappe dont l'armée dispose, mais la coercition est le moyen le moins efficace pour assurer un contrôle politique. En effet, à la suite de chaque intervention, les militaires ont cherché à s'assurer qu'ils n'auraient pas à intervenir de nouveau en changeant, rechangeant et amendant les constitutions de la Turquie pour sauvegarder l'ordre politique kemaliste, pourtant à chaque fois le nouveau départ des institutions politiques turques n'a pas évité que le système politique fasse face à des défis.

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