Steven Cook vient nous éclairer de ses lumières sur la crise politique turque dans les colonnes de Bitterlemons. Ce chercheur au Council on Foreign Relations est l'auteur du remarquable ouvrage Ruling But Not Governing: The Military and Political Development in Egypt, Algeria, and Turkey. L'avis de Cook est que l'actuel marasme en Turquie trouve son origine non pas dans une opposition entre laïques et religieux, mais dans la confrontation pour le pouvoir. En d'autres termes, une opposition entre la vieille garde kémaliste qui a main mise sur le pouvoir depuis les années 1920 environ et la nouvelle génération montante issue de divers horizons qui se retrouve dans l'AKP.
Les troubles actuels étaient prévisibles, estime le chercheur du CFR. Depuis le débat sur la succession au président Ahmet Necdet Sezer, les divergences se sont faites plus violentes. On se souvient de la première opposition à la candidature d'Abdallah Gul, jugé trop religieux, et qui a finalement été élu en août dernier en faisant campagne sur une plateforme moins islamique. Le problème est que l'armée joue un rôle de maintien de l'ordre démocratique et laïque en Turquie et ne pouvait supporter la présidence de Gul. Déjà qu'elle avait accepté un parlement à majorité AKP, il n'était pas concevable que toute l'arène politique soit aux mains des islamiques même modérés.
Ce qui a conduit à cette accusation devant la Cour Constitutionnelle que l'AKP est "un centre d'activité anti-laïque" et que donc le parti doit être radié. L'armée peut compter sur l'appui de nombreux bureaucrates hauts placés dans le système judiciaire. Pour Steven Cook, l'opposition ne se traduit pas par un contentieux religieux, mais par "la radicalisation d'un dialogue national informel (...) sur les sources de pouvoir et de légitimité dans l'ordre politique" turc. La majorité au Parlement de l'AKP, depuis 2002, a renforcé la confiance des religieux dans l'expression publique de leur identité musulmane au sein de la société comme du système politique. Au point que l'AKP a été négligent après la victoire électorale de 2007. Au lieu de proposer des changements graduels de la constitution laïque, ils ont proposé un nouveau document, ce qui ne pouvait que déplaire aux militaires. Mais, c'est la proposition de lever l'interdiction du voile religieux dans les universités publiques en janvier dernier qui a scellé le sort de la crise.
Cook rejoint d'autres analyses sur la forte éventualité de la fermeture de l'AKP. Les auditions commencent demain. Cela l'amène à dresser un tableau assez pessimiste de la situation. Tout d'abord, il estime que le processus de réformes démarré ces dernières années "n'est probablement pas réparable". Dans le cas où la Cour Constitutionnelle venait à voter la fermeture de l'AKP, les problèmes s'intensifieraient. De plus, le chercheur se demande qui gouvernerait, car il ne voit pas d'alternative crédible suffisamment forte en Turquie actuellement. Et enfin, l'AKP compte de nombreux Kurdes, qui se sentiraient bien seuls sans le parti et qui pourraient être tentés de rejoindre le PKK que les Etats-Unis et l'Union Européenne considèrent comme un groupe terroriste.
Les troubles actuels étaient prévisibles, estime le chercheur du CFR. Depuis le débat sur la succession au président Ahmet Necdet Sezer, les divergences se sont faites plus violentes. On se souvient de la première opposition à la candidature d'Abdallah Gul, jugé trop religieux, et qui a finalement été élu en août dernier en faisant campagne sur une plateforme moins islamique. Le problème est que l'armée joue un rôle de maintien de l'ordre démocratique et laïque en Turquie et ne pouvait supporter la présidence de Gul. Déjà qu'elle avait accepté un parlement à majorité AKP, il n'était pas concevable que toute l'arène politique soit aux mains des islamiques même modérés.
Ce qui a conduit à cette accusation devant la Cour Constitutionnelle que l'AKP est "un centre d'activité anti-laïque" et que donc le parti doit être radié. L'armée peut compter sur l'appui de nombreux bureaucrates hauts placés dans le système judiciaire. Pour Steven Cook, l'opposition ne se traduit pas par un contentieux religieux, mais par "la radicalisation d'un dialogue national informel (...) sur les sources de pouvoir et de légitimité dans l'ordre politique" turc. La majorité au Parlement de l'AKP, depuis 2002, a renforcé la confiance des religieux dans l'expression publique de leur identité musulmane au sein de la société comme du système politique. Au point que l'AKP a été négligent après la victoire électorale de 2007. Au lieu de proposer des changements graduels de la constitution laïque, ils ont proposé un nouveau document, ce qui ne pouvait que déplaire aux militaires. Mais, c'est la proposition de lever l'interdiction du voile religieux dans les universités publiques en janvier dernier qui a scellé le sort de la crise.
Cook rejoint d'autres analyses sur la forte éventualité de la fermeture de l'AKP. Les auditions commencent demain. Cela l'amène à dresser un tableau assez pessimiste de la situation. Tout d'abord, il estime que le processus de réformes démarré ces dernières années "n'est probablement pas réparable". Dans le cas où la Cour Constitutionnelle venait à voter la fermeture de l'AKP, les problèmes s'intensifieraient. De plus, le chercheur se demande qui gouvernerait, car il ne voit pas d'alternative crédible suffisamment forte en Turquie actuellement. Et enfin, l'AKP compte de nombreux Kurdes, qui se sentiraient bien seuls sans le parti et qui pourraient être tentés de rejoindre le PKK que les Etats-Unis et l'Union Européenne considèrent comme un groupe terroriste.
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