vendredi 1 août 2008

Légers signaux encourageants d'Ahmadinejad



Mahmoud Ahmadinejad sur la télévision américaine, ce n’est pas exceptionnel. Cela est déjà arrivé. Mais, Ahmadinejad interviewé à Téhéran, dans les jardins de son palais présidentiel par un présentateur de télévision américain, cela n’était jamais arrivé. Après un premier entretien en 2006, Brian Williams, le présentateur vedette du JT de NBC, a récidivé cette fois dans la capitale iranienne.

Dans un contexte où les relations diplomatiques entre les Etats-Unis et l’Iran semblent indiquer un léger dégel, cette interview pourrait exhiber une volonté de l’Iran de montrer à Washington qu’elle est prête à négocier, à faire avancer le débat. De plus, contrairement à la tiède prestation de David Pujadas en 2007, Brian Williams n’a pas hésité à poser des questions qui fâchent et même à insister sur certains points que le présentateur de France 2 n’avait même pas effleurés de loin.

Certes, Ahmadinejad a évité beaucoup de questions sensibles et n’a pas vraiment fait preuve d’une farouche volonté à lancer un signe clair. Le président iranien a joué de prudence et de retenu. "Aujourd’hui, nous observons un nouveau comportement des Etats-Unis et de ses représentants, juge-t-il. Ma question est celle-ci : ce comportement marque-t-il une nouvelle approche, en d’autres termes un respect mutuel pour la justice, ou cette approche est-elle une continuation de la confrontation mais déguisée ? Si c’est une continuation, les Iraniens ont le droit de se défendre et de défendre leurs intérêts, mais s’il y a un changement d’approche, nous ferons face à une nouvelle situation et la réponse du peuple iranien sera positive."

Le dirigeant iranien est ouvert aux négociations, mais n’estiment pas qu’elles soient indispensables à la prospérité du pays. "Pour continuer nos vies, nous n’avons pas besoin des services de quelques pays, si je puis m’exprimer ainsi", a-t-il déclaré, faisant référence aux Etats-Unis et aux pays européens qui appliquent des sanctions via le Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que des sanctions financières. Il est apparu confiant et certain de la puissance et des capacités de son pays à étendre son influence et à résister aux pressions internationales.

Ahmadinejad ne considère pas que l’Iran soit en tort, ni qu’elle doive se travestir pour répondre à de quelconques exigences de la communauté internationale. Au contraire, ce sont ces pays qui doivent montrer qu’ils sont prêts à dialoguer.

Sur le dossier nucléaire, le président a été clair. "Nous ne voulons pas construire une bombe", a-t-il avancé. Et d’ajouter, "les bombes nucléaires sont du XXe siècle. Nous vivons dans un nouveau siècle", développant un argument selon lequel il ne recherche que l’énergie nucléaire, la clé de voûte de ce programme et qu’il faut arrêter de rapprocher le nucléaire civil et le nucléaire militaire comme deux éléments intrinsèquement liés, appelant même tous les pays du monde à investir dans cette technologie.

Il y a deux semaines, une conférence se tenait à Genève entre les Européens et les Iraniens sur le dossier nucléaire. Conférence à laquelle les Etats-Unis ont exceptionnellement participé. Suite à cette réunion, une possibilité d’installer une section économique américaine à Téhéran avait fait surface. Ce à quoi Ahmadinejad a répondu, "il existe déjà une section économique à Téhéran. C’est l’ambassade de Suisse qui s’en occupe". Les Etats-Unis ont officiellement rompu leurs relations diplomatiques avec l’Iran en 1979. Le dernier contact officiel entre deux hauts représentants de deux gouvernements remontent à 2004 lors d’un sommet international sur l’Irak.

Si les propos du président iranien ont pu laisser espérer une amélioration du courant entre Téhéran et Washington, cela n’a pas empêché le dirigeant sans cravate de critiquer fermement les puissances occidentales dans un discours devant le mouvement de non-alignés, le lendemain de l’interview, mardi, dans la capitale iranienne. "Les grandes puissances tombent. Elles en arrivent au terme de leur pouvoir, et le monde est au bord d’une nouvelle ère prometteuse (…) Les puissances riches continuent d’exercer une influence démesurée en déterminant la nature et la direction des relations internationales, dont les relations économiques et financières, ainsi que les lois régissant ces relations, lois qui sont souvent au détriment des pays en développement."

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