Dans une tribune publiée sur le site du centre de recherche Middle East Institute, Reza Zia-Ebrahimi estime que l'évolution des relations entre Sunnites et Chiites en Arabie Saoudite est déterminante à l'échelle de la communauté musulmane. En effet, selon lui, la prééminence des Saoudiens dans le monde sunnite pose le royaume comme le facteur dirigeant des tendances.
Zia-Ebrahumi, citoyen suisse et iranien, donc probablement chiite, considère que l'idée du "croissant chiite" est dénuée de sens, mais qu'elle indique une résurgence de tensions entre les deux communautés religieuses. Il est d'autant plus important que l'Arabie Saoudite change sa politique vis-à-vis de sa minorité chiite que le régime abrite les deux lieux les plus saints de l'islam et qu'il est des principaux financiers de mosquées sunnites dans le monde et transporteur de sentiments anti-chiites. La minorité chiite représente environ 10% de la population saoudienne et se concentre principalement à l'est, près des ressources pétrolières. Les relations entre le pouvoir sunnite, les acteurs domestiques influents sunnites et la minorité chiite ont souvent été tendues. Selon un rapport de l'International Crisis Group publié en 2005 sur les Chiites en Arabie Saoudite, la situation actuelle est inquiétante, mais pas irradiante. "Alors que les tensions sectaires sont potentiellement au plus haut depuis 1979 (au moment de la révolution en Iran ndlr), les risques aujourd'hui d'une confrontation sectaire violente semblent minces", indique le Crisis Group.
Zia-Ebrahumi écrit que le temps est venu que les Saoudiens montrent la voie du changement. Deux raisons à cela : 1. la guerre civile en Irak et l'influence régionale grandissante du Hezbollah ont ranimé des ambitions chiites laissées sous silence depuis le 11 septembre et l'union trans-communautaire contre la menace d'Al Qaïda dans le royaume. 2. le roi Abdallah emprunte la voie du dialogue inter-religieux. Une grande conférence, organisée par le royaume, s'est tenue en juillet à Madrid. L'auteur prend cette initiative comme un premier pas, mais nuance en affirmant "que la légitimité et la crédibilité de l'action du roi, dans une large mesure, dépend de l'état des relations Sunnites-Chiites au sein du royaume". Selon lui, l'avènement de ce dialogue inter-communautaire va forcer la question chiite à s'inviter au cœur des débats en Arabie et ce même si elle est très impopulaire dans l'ulama imprégnée d'idéologie wahabbite, fortement anti-chiite.
dimanche 27 juillet 2008
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