Dans un entretien à l'hebdo Der Spiegel, Mahmoud al-Zahar, un des fondateurs du Hamas, justifie son départ de l'équipe de négociation sur la libération du soldat israélien Gilad Shalit. Sur demande du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu au printemps dernier, les services de renseignements allemands, le BND, ont été invités à servir d'intermédiaire entre Israël et le Hamas pour négocier la libération du soldat retenu depuis plus de trois ans par le Hamas.
Selon al-Zahar, les deux parties avaient trouvé un compromis en décembre. Shalit devait être libéré en échange de la libération de 1000 Palestiniens emprisonnés en Israël. Après d'âpres négociations avec Khaled Mechaal, le leader du Hamas en exil à Damas, al-Zahar l'a convaincu. Du côté israélien, Netanyahu et son cabinet ont rejeté cette proposition. Al-Zahar avait déjà évoqué cet état des lieux début février sur la BBC.
Le Premier ministre israélien craint que la libération de 1000 Palestiniens n'aient des répercussions négatives sur sa fragile coalition de droite. Selon Haaretz, le cas de quelques prisonniers en particulier est sujet à opposition, notamment des membres de la branche armée du Hamas, tels que Abdullah Barghouti, Ibrahim Hamed, Abbas al-Sayad. Israël est également opposé à la libération de Marwan Barghouti, un des principaux cadres du Fatah, et d'Ahmed Saadat, le secrétaire général du Front Populaire pour la Libération de la Palestine. Selon le Jerusalem Post qui reprend un extrait d'une interview qu'al-Zahar a accordé à la chaîne Al Arabiya, ce serait les Etats-Unis qui auraient fait pression pour qu'Israël refuse l'offre. Rien dans l'article de Der Spiegel ne suggère un rôle des Américains. De sources diplomatiques françaises, Georges Malbrunot évoquait également il y a quelques jours une intervention américaine.
Al-Zahar explique qu'Israël, en échange, a fait une nouvelle proposition, qui a été jugée inacceptable par le Hamas, car elle était "dépouillée". Cela a irrité le BND, qui s'est senti lésé et cela a eu des répercussions négatives pour al-Zahar au sein du Hamas, qui s'est fait critiquer, l'amenant à se retirer de l'équipe de négociation, car il en avait assez des "jeux d'enfants" des Israéliens.
Le co-fondateur du Hamas évoque également des tensions au sein du groupe palestinien entre le pragmatisme de la branche à Gaza et celle des exilés à Damas. En effet, al-Zahar explique que la ligne de Mechaal est beaucoup plus dure que celle du bureau à Gaza, qui est plus prompt au compromis du fait d'une situation difficile à vivre sur place. C'est loin d'être la première fois que ces tensions poignent, on se souvient par exemple qu'une telle division avait émergé au sujet de la reconduction éventuelle de la trêve avec Israël en décembre 2008. C'est toujours le syndrome de l'exilé qui, divorcé de la réalité du quotidien, reste arc-bouté sur des positions contreproductives et parfois même antédiluviennes.
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