Israël a fait une cérémonie en grande pompe pour "dévoiler" son dernier drone (UAV), le Eitan, aussi connu sous le nom de Heron TP. Il a la capacité de voler jusqu'à l'Iran. Wow! Attention! Voilà ce qu'Israël utiliserait contre l'Iran en cas d'attaque. C'est un peu l'impression qu'on a en lisant certains articles - la vidéo est carrément explicite.
S'il y a bien une chose que cet UAV ne peut pas faire, c'est bien attaquer l'Iran, mais revenons sur les différents points de contention :
- L'Heron TP n'a pas été dévoilé lors de cette cérémonie. En effet, une première version a été présentée lors du salon du Bourget en 2007. En outre, il a déjà été utilisé lors de l'Opération Plomb Durci début 2009. Cette cérémonie servait à indiquer qu'il était désormais complètement opérationnel (comprenez, "c'est bon, vous pouvez l'acheter").
- C'est principalement un drone de reconnaissance. Il n'est pas inenvisageable qu'il puisse transporter des bombes de près de 250 kg, mais pour frapper les installations nucléaires iraniennes et détruire les bunkers (des bunker busters), il faudrait qu'il puisse porter des bombes de 2500 kg, ce qu'il n'est pas capable de faire à présent. De plus, il ne pourrait pas servir à brouiller les fréquences, car le ministère israélien de la Défense n'autorise à ce jour pas le développement d'engins aguerris pour la guerre électronique. Toutefois, il devrait avoir d'autres utilisations, car il se veut multifonctions.
- D'un point de vue diplomatique, un énorme pays risque de ne pas franchement vouloir avoir des drones israéliens traverser son territoire : l'Iraq. Certes, avec les drones américains au Pakistan, on a l'impression que les drones peuvent voler n'importe où, mais c'est un leurre. Ils sont soumis aux mêmes lois que les avions et doivent donc bénéficier d'une autorisation de survol du territoire. Le passage par l'Iraq est à ce jour le plus plausible, car malgré sa journée d'endurance, cela ne suffirait pas à l'Eitan pour contourner Baghdad en passant par le Golfe et il semble également peu plausible que la Turquie laisse les Israéliens survoler leur territoire dans le but de bombarder l'Iraq.
- Cet UAV est loin d'être discret. Il a une envergure de 26 m, l'équivalent d'un Boeing 737. Il est lent en comparaison d'un avion de chasse et est donc vulnérable aux systèmes de défense anti-aérienne. On a quelques doutes concernant le type de missiles sol-air (SAM) que possède l'Iran, mais il ne semble pas impossible qu'ils aient de quoi faire tomber cet UAV. Un drone est assez peu utile contre un pays qui possède des SAMs.
- Jeremy White avance une autre bonne raison sur le Huffington Post : Israël ne prendrait pas le risque que cette technologie très avancée puisse tomber dans les mains iraniennes si un engin venait à s'écraser sur le sol iranien.
Sur Danger Room, Nathan Hodge avance deux raisons qui expliqueraient tout le buzz. Tout d'abord, les tensions entre Israël et l'Iran sont très fortes en ce moment. A titre d'exemples, Mahmoud Ahmadinejad, en visite à Damas, a de nouveau évoqué un Moyen Orient sans Israël sur la carte. De son côté, Ehoud Barak, en visite à Washington, n'a pas caché la menace que son pays voyait en l'Iran et a sous-entendu le fait que s'il fallait frapper, Israël pourrait le faire seul - autrement dit sans l'aval des Etats-Unis. Ensuite, cette cérémonie peut s'inscrire dans un but commercial. De nombreux pays se fournissent chez les Israéliens pour leurs UAVs, la France notamment. Enfin, comme le suggère CNN (voir la vidéo), cela pourrait également s'inscrire dans une opposition Iran-Israël, où chaque camp ne cache plus ses prouesses technologiques. Il est vrai que l'Iran communique aussi beaucoup à chaque essai d'un nouveau missile.
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