La nouvelle m'a quelque peu surpris. Ehud Barak rejoint la coalition de Benjamin Netanyahu. En soi, il n'y a rien d'extraordinaire à ce qu'un parti de gauche rejoigne un parti de droite. Ce n'est ni la première fois et cela ne sera pas la dernière fois. Ce qui me surprend, c'est qu'entre ces deux partis, il y a Kadima, parti centriste et gros poids lourd sur la scène politique israélienne. A ma connaissance, c'est une première aussi bien en Israël que dans n'importe quelle démocratie.
Selon Haaretz, l'élément déclencheur a été le changement de position du parlementaire Benjamin Ben-Eliezer, qui était opposé à un ralliement avec Netanyahu. Une rencontre avec un conseiller du prochain Premier ministre aurait dégagé la voie pour cette coalition. Netanyahu et Barak semblaient s'être déjà mis d'accord sur les modalités de cette coalition. Elles incluent plusieurs ministères. Parmi les postes annoncés, Ben-Eliezer deviendrait ministre de l'Industrie et du commerce et Barak resterait à la Défense (alors même qu'il avait annoncé qu'il ne garderait pas ce poste s'il n'avait pas 20 sièges à la Knesset - les Travaillistes n'en ont que 13).
Au Likud, certains membres ne sont pas franchement enthousiastes de ce compromis, car ils ont l'impression que "Bibi" en donne trop aux Travaillistes. Chez les Travaillistes, l'ambiance est également timorée. Pour le vote sur le ralliement au gouvernement, Barak a organisé une convention du parti. 680 représentants ont voté pour contre 570 contre. Mais, c'est le Kadima qui a fait part de la plus grande irritation à l'égard de cet accord. Tzipi Livni s'est montrée particulièrement corrosive. "C'est un gouvernement qui n'a aucune valeur de base, ce qui est fondamental en politique, a-t-elle déclaré. La stabilité n'est pas une valeur en soi. Malheureusement, ce que nous avons vu est une nouvelle fois un horrible jeu politique." Ehud Olmert a également fait part de sa déception. Le futur ancien Premier ministre ne voulait pas que le parti de Barak rejoigne la coalition, car il ne croyait pas que "Bibi" puisse la mettre sur place d'ici le 3 avril. En effet, le parti religieux Yahadut Hatorah n'envisageait pas de rejoindre le gouvernement - à cause de désaccords avec le leader d'Israel Beiteinu Avigdor Lieberman -, ce qui empêchait le chef du Likud d'atteindre les 61 votes nécessaires à la Knesset pour obtenir la majorité.
Olmert n'a pas non plus caché son agacement à l'annonce de ce ralliement pour l'évolution du processus de paix. "Ceux qui vont dans un gouvernement dont les principes ne font pas mention de deux Etats pour deux peuples sont délibéremment responsables de l'isolement d'Israël, un isolement sans précédent depuis sa création", a-t-il affirmé. Mercredi, lors d'une réunion à Jérusalem, Benjamin Netanyahu s'est positonné comme "un partenaire pour la paix", sans mentionner la solution à deux Etats. Processus de paix qui sera d'autant plus compliqué qu'Avigdor Lieberman devrait, selon toute vraisemblance, devenir le prochain ministre des Affaires étrangères. A ce sujet, selon un nouveau sondage de J Street, un lobby pro-Israël à Washington mais aux antipodes d'AIPAC, un tiers des Juifs-Américains verraient leur lien avec Israël affaibli si Lieberman arrivait aux AE.
Dans toute cette cohue, une question me taraude, que va faire Kadima ? Poids lourd à la Knesset peut-être, mais affaibli, car très isolé. Le parti se retrouve entouré à sa gauche et à sa droite par la majorité. Certes, ils ont 28 sièges à la Knesset, mais je doute que ce soit suffisant pour diriger une opposition constructive. Ils récupèreront quelques votes ci et là des Travaillistes, mais leur position va être très compliquée à gérer. Ils se retrouvent sans base arrière. Il semble improbable qu'ils aillent chercher des soutiens à l'extrême droite ou à l'extrême gauche de l'échiquier politique. Ce sera intéressant de voir comme Kadima s'habitue à cette position, en plus toute nouvelle pour eux, puisque le jeune parti a toujours été au pouvoir. Le parti centriste va-t-il résister à l'épreuve du feu ?
jeudi 26 mars 2009
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