mardi 17 mars 2009

Le retour de la Syrie sur la scène internationale

La semaine dernière, je faisais part de la lecture d'un article de Bret Stephens dans Commentary se positionnant contre un dialogue américano-syrien. En toute logique - ou presque -, je me penche sur la position inverse soutenue par Eyal Zisser, professeur à l'Université de Tel Aviv, dans le nouveau numéro de la revue universitaire Mediterranean Politics. L'article traite du retour diplomatique de la Syrie et se pose la question à savoir jusqu'où ce come-back peut mener.

L'auteur explique qu'historiquement, la Syrie a été incapable de profiter des occasions présentées pour améliorer sa situation. Aujourd'hui, pour la première fois depuis la prise de pouvoir de Bachar al-Assad en 2000, Damas peut faire avancer ses pions. Zisser rappelle le contexte dans lequel le dirigeant syrien a succédé à son père. Hafez al-Assad a légué à son fils des relations détendues avec l'Europe et les Etats-Unis. Un processus était en route avec Israël. Autant d'états de fait qui se sont écroulés à cause des évènements qui ont suivis : les attentats du 11 septembre, l'Intifada en 2002, la guerre en Irak, le renouveau de l'affrontement entre le Hezbollah et Israël. Et autant de relations abimés et d'autres renforcées, avec l'Iran et le Hezbollah.

Pour autant, la Syrie connait actuellement un regain de prestige sur la scène internationale. Zisser impute ce changement à plusieurs raisons. Avec Washington, l'arrivée de Barack Obama peut indiquer un changement de position. Les relations entre les deux pays s'étaient particulièrement endommagées après qu'une opération des forces spéciales américaines ait été menée sur le sol syrien en septembre 2008. Le régime syrien s'est montré chaleureux envers Obama. Avec l'Union Européenne, l'auteur remarque que la Syrie est devenue le pays à courtiser surtout après que Nicolas Sarkozy ait fait de Bachar al-Assad un invité d'honneur le 14 juillet, le lendemain du lancement de l'Union Pour la Méditerranée. Trois raisons pour ce revirement :
* Les négociations même si indirectes avec Israël
* La signature des accords de Doha en mai sur le Liban
* Plusieurs changements internes en Europe, comme le départ de Jacques Chirac, profondément anti-syrien, au profit de Sarkozy

Pourquoi alors la situation ne serait-elle pas propice ? Zisser explique que l'objectif syrien n'est souvent pas de faire avancer les choses, mais de maintenir le statu quo à l'intérieur du pays. De plus, l'approche de Damas est dans une logique du tout ou rien, qui paralyse souvent les avancées. Cela étant, l'auteur, certes prudent, envisage l'existence d'une Syrie plus active qui pourrait exploiter les différentes pistes de paix. Il faut pour cela que les Etats-Unis s'engagent plus et dans le même temps, l'auteur estime que al-Assad n'a ni la volonté ni les capacités pour faire imposer des décisions difficiles. L'auteur reste pragmatique :

En dehors de ce qui vient d'être dit, à la lumière de l'inefficacité montrée par les Américains et les Européens dans leur conduite à l'égard de la Syrie ces dernières années, il est possible qu'une idée de dialogue avec Damas ne soit pas une si mauvaise nouvelle après tout. De toute manière, le dialogue est préférable aux tensions et à la violence. De plus, le dialogue peut ouvrir des portes ou peut-être au moins préparer le terrain pour une percée une fois les conditions affinées. Toutefois, nous devons persister à avoir une vision réalistique et sobre de ce qui peut être ou non atteint avec les Syriens. En ce moment, il semblerait qu'il y ait bien peu à attendre.

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