mercredi 18 mars 2009

La stratégie saoudienne de l'échec avec ses Chiites

Real Clear World a publié aujourd'hui une très intéressante tribune de Mai Yamani, une visiting scholar au centre d'études du Moyen Orient géré par le Carnegie à Beyrouth. Cette chercheuse saoudienne se penche sur les récents évènements de rébellion chiite en Arabie Saoudite sunnite. Le 24 février, près de 2000 Chiites ont manifesté à Médine pour célébrer l'anniversaire de la mort du prophète Muhammad. C'est une pratique interdite dans de nombreuses écoles religieuses musulmanes, car c'est considéré comme aduler une idole, faveur uniquement réservée à Allah. Forcément, les wahhabites sont particulièrement intransigeants là-dessus. Donc, des échauffourées ont éclaté entre les Chiites et la police religieuse saoudienne sunnite et son doux nom du Comité pour la Préservation de la Vertu et la Prévention du Vice.

La communauté chiite a ensuite essayé de rencontrer le roi Abdullah pour négocier la libération des prisonniers. En vain et ce une dizaine de jours après l'annonce de prometteuses réformes. Des manifestations ont eu lieu devant les ambassades saoudiennes de plusieurs pays européens.

Mai Yamani explique que le gouvernement saoudien va à contre-courant de ce qu'il devrait faire pour gérer la minorité chiite, car en les excluant, il ne fait qu'exporter le problème, alors même que les Chiites représentent une minorité de poids. En effet, elle est très majoritairement concentrée à l'est du pays, la principale zone où se trouvent les puits de pétrole.

De plus, le royaume perçoit le problème chiite non pas comme un défi local, mais comme une preuve de l'influence iranienne dans la région, crainte principale de Riyadh. Les évènements de Médine coïncideraient en plus avec les 30 ans de la révolution iranienne.

L'approche saoudienne est vouée à l'échec, estime Yamani. "Le choix des dirigeants saoudiens est clair : donner du pouvoir aux Chiites au sein du système, ou voir leur pouvoir croitre au travers d'alliances extérieures, explique-t-elle. La menace que cela représenterait n'est pas abstraite : les frontières de l'Arabie Saoudite sont très poreuses."

Elle rappelle en effet que les Chiites ont tenté de se soulever en 1979 avec la Révolution iranienne avec le soutien de l'Ayatollah Khomeini qui avait ses vues sur les deux villes saintes. Depuis la guerre en Irak, les Chiites de la région ont repris du poil de la bête sous la houlette de Téhéran.

Se rajoute à cela le fait que les Chiites ont depuis la création de l'État saoudien été conspués par le régime qui les considère encore aujourd'hui comme des "hérétiques". Si les femmes en Arabie vont voir leur première représentante à un poste de ministre, les Chiites en sont encore loin. Cela étant, jusqu'à présent, les Chiites n'avaient pas organisé, mais cela a changé. Ils ont créé un parti qui s'appelle Khalas, que Yamani traduit par le Salut, mais qui est également utilisé pour dire "c'est fini". Sans que ce soit la première fois, plusieurs leaders chiites appellent même à la sécession.

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