mardi 10 février 2009

L'élection la plus importante de l'année (Mis à jour)

Real Clear World l'a décrite comme l'élection la plus importante. "Dans la balance, il y a l'avenir d'une solution négociée pour les Palestiniens et la possibilité d'action militaire contre l'Iran". Les Israéliens votent aujourd'hui et effectivement, cette élection s'annonce extrêmement cruciale. Après l'offensive israélienne à Gaza, l'impasse avec le Hamas et la difficulté à percevoir une issue à cet imbroglio, les élections législatives peuvent donner une idée de la tendance des prochaines années.

Il y a quelques semaines encore, le trio gagnant semblait être Benjamin Netanyahu et le Likud en tête, Tzipi Livni et le Kadima en second et Ehud Barak et le Parti travailliste en troisième. Certains pensaient même, et j'en faisais partie, que l'offensive à Gaza allait jouer en faveur de Barak, mais il n'a pas résisté aux assauts de la droite. Il était en effet moins prévisible que le candidat d'extrême droite Avigdor Lieberman sorte du chapeau comme le troisième homme. Dans les derniers sondages (cf. plus bas), le Beiteinu de Lieberman serait crédité de 17 sièges au Knesset au coude à coude avec le Parti travailliste. Le Likud serait crédité de 25 à 27 sièges, le Kadima de 23 à 25 sièges. Donc, comme d'habitude, il y a peu de chances qu'émerge une majorité claire et le vainqueur devra ardemment négocier pour former un gouvernement de coalition. Il n'en demeure pas moins que Netanyahu ne sera pas le candidat du compromis, ni en interne, ni sur le processus de paix. Nigel Ashton, auteur de King Hussein of Jordan: A Political Life, écrit dans Foreign Policy que lorsque "Bibi" était au pouvoir en 1996, il a montré une obstination à ne pas faire beaucoup d'efforts, sauf à la fin de son mandat. Ashton a eu un accès unique aux notes du roi Hussein, qui a longtemps cherché à négocier avec Netanyahu. En vain. "Bien qu'il y ait eu quelques améliorations des relations dans la dernière année de la vie de Hussein, l'avis du roi était fait", écrit Ashton. "La préoccupation de Netanyahu de maintenir sa coalition de droite et de faire plaisir à ces électeurs avait pris le pas sur le processus de paix. Pour Hussein, Netanyahu s'était révélé comme un homme politique plus que comme un homme d'Etat."

Pendant la campagne, le Kadima a même utilisé certains passages de The Missing Peace de Dennis Ross pour discréditer "Bibi" comme le candidat qui pourra résoudre le dossier israélo-palestinien. A mettre tout de même au crédit de l'ancien Premier ministre, il a signé le Wye River Memorandum en 1998. Certes, il n'est pas certain que cet accord ait été signé avec l'idée de résoudre le conflit, mais peut-être pour s'assurer une place dans l'histoire.

Ces élections israéliennes sont tout particulièrement intéressantes avec la montée soudaine de Lieberman. Il est d'ailleurs assez caustique de voir une lutte d'influence à l'extrême droite entre le Beiteinu et le parti religieux Shas. Le problème étant que la tactique de Lieberman de marginaliser le parti Shas comme "le parti russe" peut inciter certains électeurs à voter pour lui plutôt que pour le Likud. Dans le scénario du pire, le Likud reste toujours moins dommageable que le Beiteinu. Pour reprendre les propos de Jeff Barak (pas de lien avec Ehud), ancien rédacteur en chef du Jerusalem Post, Lieberman "est un démagogue grossier, qui a géré avec succès une campagne électorale uniquement fondée sur la peur et le racisme". La tribune de Barak reste tout de même assez marginale dans le panorama israélien, mais soulève des points importants :

La liste de Knesset que [Netanyahu] dirige est une des plus à droite jamais connue sous la bannière du Likud et son endossement public de Lieberman la semaine dernière, dans lequel il a promis un porte-feuille important au dirigeant du Beiteinu, montre que Bibi n'est pas embarrassé à l'idée de s'associer volontairement avec un homme qui est non seulement entaché de xénophobie mais également la cible d'une sérieuse enquête policière. En effet, si le scénario catastrophe devait se produire et Netanyahu est en mesure de former un gouvernement dans lequel le Beiteinu est un partenaire important, il ne pourra pas offrir à Lieberman ni le porte-feuille de la justice ni celui de la sécurité publique à cause de ces enquêtes.

Si l'on en croit les sondages, ce qui sera le plus important dans ces élections est de savoir combien de sièges va récupérer Lieberman. Il est crucial qu'il ne termine pas à la troisième place, car cela lui donnerait beaucoup trop de pouvoir à la Knesset et au gouvernement. Mais, ne soyons pas dupes, il est presque déjà trop tard. Même s'il termine quatrième, il aura un poids et son alliance avec "Bibi" se concrétisera par un processus de paix gelé et par une intransigeance dans les négociations. Le petit espoir serait que Livni l'emporte, mais elle devra de toute manière compromettre avec Lieberman.

***UPDATE***

Je viens de tomber sur un site Internet qui compile les différents sondages. Une moyenne fait ces prédictions :
Likud : 30 sièges
Kadima : 25 sièges
Travailliste : 15 sièges
Beiteinu : 14 sièges
Shas : 10 sièges

Aucun commentaire:

 

blogger templates | Make Money Online