Cordesman estime que les deux principales menaces que sont Al Qaïda en Irak (AQI) et les tensions intra-chiites ont largement diminué, mais que de nombreuses questions demeurent en suspens. AQI a souffert de nombreuses pertes et son action a considérablement diminué en Irak avec l'action des Fils d'Irak. "Ce n'est pas qui une force défaite autant qu'elle est supprimée et considérablement affaiblie", explique Cordesman. En effet, il est pratiquement impossible d'éradiquer les attentats-suicides par exemple.
L'offensive gouvernementale sur Bassorah a montré que la milice du Mahdi, menée par Moqtada al-Sadr, est beaucoup plus faible qu'elle ne l'a été, mais malgré tout, elle n'a pas rendu les armes. Même si certains cadres de l'organisation s'orientent vers la création d'un mouvement politique, Cordesman rappelle qu'un "très grand nombre de dirigeants et membres de la milice du Mahdi ont juré sur leur sang de continuer l'affrontement et de continuer à faire partie d'une résistance armée".
Deux situations qui font dire à l'expert militaire que "l'on ne voit pas une victoire, mais des progrès substantiels", c'est-à-dire que les hommes politiques irakiens se sentent plus enclins à prendre le risque d'avancer leur programme, ce qui dans le même temps révèle d'autres tensions sectaires. De plus, Anthony Cordesman considère que la plupart des décisions qui pourraient évincer la violence n'ont pas été pas mises en place, que ce soit des élections locales, des décisions sur la fédération, l'intégration des Fils d'Irak dans les forces de sécurité.
Malgré tous les efforts américains, les tensions sunnites-chiites sont encore présentes. Dans la province d'Anbar, sous contrôle irakien depuis la semaine dernière, la situation sécuritaire demeure incertaine, car les forces de sécurité majoritairement chiites sont réticentes à donner du pouvoir aux dirigeants locaux sunnites.
Une des raisons est que ni les Sunnites, ni les Chiites (les Kurdes sont une exception) ne connaissent véritablement leur soutien populaire, car aucun groupe n'a pris part à des élections locales jusqu'à présent. Et aucun ne sait quel pouvoir leur sera alloué après les élections, si elles se tiennent comme prévu à l'automne.
Cordesman reconnait que les problèmes sont encore légions en Irak et que tant que des décisions politiques internes n'auront pas été prises par le gouvernement actuel pour améliorer la situation notamment économique du pays, toutes les campagnes pour instaurer le calme et la sécurité seront vaines.
Pour autant, il présente une perspective relativement optimiste, comparée à celle qu'il maintient sur l'Afghanistan. "Le fait est que nous sommes en train de gagner une guerre qui est impopulaire en Irak, et nous sommes en train de perdre une guerre qui est populaire en Afghanistan", analyse-t-il :
Nous avons besoin de trois à quatre brigades en plus en Afghanistan. Il faudra trois ou quatre ans pour construire une armée ou une force de police afghane quelque peu convaincante, sans parler d'une présence gouvernementale. Il n'y a même pas débat. Personne étudiant ces questions ne voit les menaces et les besoins militaires en d'autres termes.
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