Dans un précédent post, j'ai traité de l'avortement de "Réveil chiite" en Irak, à cause du gouvernement Maliki plus préoccupé par ses intérêts politiques que celui de la nation. Il semble que le programme de "Réveil sunnite" soit lui aussi mis à rude épreuve. En effet, plusieurs articles ont récemment évoqué que l'intégration des Fils d'Irak dans les forces de sécurité irakiennes est trop lente et retranscrivent le ressentiment de l'armée à l'égard de ces anciens insurgés. "Ces gens sont comme le cancer, il faut les éliminer", a affirmé un commandant irakien au Times.
Une vaste campagne d'arrestations d'anciens insurgés sunnites reconvertis dans les Frères d'Irak a soulevé de nombreuses suspicions. Le pouvoir irakien ne semble pas enclin à abonder dans le sens des Américains et à accommoder les quelques 100,000 membres de cette force. Dans le plan initial, 20% des soldats du "Réveil sunnite" devaient intégrer les forces de sécurité irakiennes. Cela peine à voir le jour.
Les réticences du gouvernement central traduisent la nouvelle confiance de l'armée irakienne et des campagnes de sécurisation du territoires invoquées par le premier ministre Nouri Al Maliki. Les militaires s'estiment suffisamment forts pour faire régner la paix et maintenir la sécurité, même dans les régions où les Fils d'Irak ont combattu et chassé Al Qaïda en Irak (AQI). Il considèrent donc qu'ils peuvent en finir avec ce mouvement et emprisonner certains de ses membres accusés d'avoir participé aux milices sunnites proches d'AQI. L'armée irakienne étudie même la possibilité de donner jusqu'au 1er novembre à tous les combattants sunnites n'ayant pas été incorporés aux services de sécurité ou n'ayant pas un travail de déposer les armes, sous peine d'arrestation.
Le fait est que les Fils d'Irak ont une haute opinion de l'action qu'ils ont menés dans les provinces infestées par AQI et ne sont pas prêts à abandonner, car pour eux, la mission de protéger leur peuple est honorable et essentielle. Insister pour un désarmement ne ferait que replonger l'Irak au point zéro, explique un leader des Fils d'Irak à McClatchy.
Sur son blog, Marc Lynch explique que l'on peut considérer deux points de vue sur ces récentes arrestations : 1. le gouvernement n'a pas à rendre de comptes à ces hors-la-loi. 2. ces miliciens peuvent causer de nombreux problèmes s'ils ne sont pas accommodés. Il semble tout de même assez clair que si les Fils d'Irak - majoritairement sunnites - venaient à être désintégrés par le gouvernement - majoritairement chiite -, il y a de fortes chances pour que les anciens insurgés sunnites reprennent les armes et aient en ligne de mire la police et l'armée irakienne.
Comme l'imagine Lynch, la situation peut devenir très embarrassante pour les Américains, qui seront divisés entre soutenir le gouvernement central - ce qu'ils ont toujours fait bien que ce dernier semble leur faire des pieds de nez - ou les Fils d'Irak, programme pensé et mis en place par l'armée américaine.
mardi 26 août 2008
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