mardi 26 août 2008

Peut-on croire à un bombardement israélien en Iran?

C'est la question sur toutes les lèvres des analystes du Moyen Orient. En effet, une intervention aérienne américaine à court terme semble une option rayée de la liste et les Américains sont opposés à une attaque israélienne.

Pour autant, Israël n'a pas besoin du feu vert américain si elle estime que le temps est venu. Différents membres du gouvernement ne cessent de répéter que l'heure tourne. Lors d'une récente conférence donnée au Washington Institute for Near East Policy, Shaul Mofaz, premier ministre adjoint et ministre des transports israélien, n'a cessé de répéter que l'Iran ne cherchait qu'à gagner du temps.

Ses propos étaient particulièrement aventureux et reflétaient des positions obtuses sur la question. En effet, début juillet, il affirmait que les sanctions diplomatiques étaient inefficaces et qu'in fine "attaquer l'Iran, pour stopper ses projets nucléaires, allait être inévitable". Ses déclarations avaient été largement condamnées au sein même du gouvernement israélien.

Time Magazine publie dans son nouveau numéro un article relatant les réflexions qui parcourent les esprits décisionnaires israéliens à ce sujet. L'enquête explique que les Israéliens comptent sur un succès diplomatique des efforts menés par les Européens, mais "que la diplomatie peut échouer" avec cette question centrale : "Si les Européens échouent et les Américains demeurent réticents à déclencher une nouvelle guerre au Moyen Orient, Israël doit-elle attaquer seule l'Iran ?"

Le Time raconte que les Israéliens ont été complètement pris au dépourvu par la décision américaine d'envoyer un représentant à Genève pour participer aux pourparlers avec les Européens et l'Iran et d'offrir un renouveau des relations diplomatiques.

Toutefois, l'Etat hébreu est bien conscient qu'il ne peut pas attaquer l'Iran sans prendre en considération le contexte national américain. En effet, des frappes aériennes contre les installations nucléaires iraniennes pourraient être néfastes pour la candidature du Républicain John McCain (les Américains ne sont pas en faveur de frappes) et comme l'explique un ancien officier du Mossad, "aucun dirigeant israélien ne veut être réprimandé pour avoir détruit les chances républicaines". McCain est en effet plus apprécié en Israël qu'Obama. Une mince "fenêtre d'opportunité" pourrait alors s'ouvrir entre les résultats de l'élection et l'inauguration du prochain président américain. Pour autant, les analystes israéliens reconnaissent qu'une attaque ne retarderait le programme nucléaire que d'un ou deux ans au plus en raison de la multiplicité et du secret des sites.

Ephraim Halevy, ancien directeur du Mossad et auteur de Mémoires d'un homme de l'ombre, quant à lui, estime que les Israéliens détruiraient instantanément tout missile en provenance d'Iran en représailles. Il poursuit en considérant que Téhéran ne forcerait pas le Hezbollah dans une hypothétique campagne de vengeance à l'encontre d'Israël. Toutefois, il reconnaît qu'à long terme, des frappes aériennes peuvent dramatiquement endommager la position israélienne dans la région, car cela renforcerait le sentiment anti-israélien déjà omnipotent.

De plus, Meir Javedanfar, spécialiste des relations irano-israéliennes, pense qu'une attaque israélienne renforcerait la stature du président iranien Mahmoud Ahmadinejad à la veille des élections présidentielles qui se tiennent en 2009.

L'analyse du Time se veut prudente, mais optimiste :

Le danger demeure dans ce jeu à hauts risques de jouer sur la corde raide qu'Israël ou l'Iran pousse l'autre trop loin. Mais, la soudaine ouverture de l'administration Bush envers l'Iran et ces gestes envers un engagement diplomatique à la recherche d'une solution à l'impasse nucléaire augmente les chances qu'Israël suive Washington plutôt qu'elle n'attaque seule.


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