mercredi 18 mai 2011

C'est trop facile de critiquer l'Union Européenne

La lecture d'une analyse publiée sur Affaires Stratégiques critiquant l'Union Européenne pour son inaction dans la région MENA me pousse à réagir tant elle manque de profondeur. Ce post sera donc plus un commentaire à l'article - d'ailleurs, c'est ce que j'ai fait sur la page de l'article.

Cette analyse me laisse pantois. Outre les fautes (la Libye, pas la Lybie), les raccourcis (le débat européen ne se résume qu'à l'immigration, ce qui est faux, mais seule une analyse plus fine aurait permis de faire ressortir la tension qui existe entre ce débat sur l'immigration et sur la Politique Européenne de Voisinage), les clichés (l'UE est cantonnée à des missions humanitaires, quid des missions CSDP Artemis et Atalanta par exemple ?) et les attaques faciles, la question qui vient en tête est : et donc ?

Critiquer l'UE pour son inaction ou sa timidité en matière de politique étrangère est une chose, mais tout d'abord, il faut bien analyser ce dont on parle quand on évoque "le silence assourdissant". Il faut arrêter de tomber de l'armoire avec des truismes tels que les Etats-membres ont toujours la main mise, surtout en matière de projection de force (une telle évidence). On assiste même à une présidentialisation de la politique européenne. Seules les décisions au Conseil européen ont de l'importance. En outre, il faut se poser la question : qu'est-ce que l'UE aurait de manière réaliste pu faire d'autres ?

La seule recommandation est cette idée mise en avant par l'ALDE du "Plan Marshall". Soyons réalistes, ce n'est à l'heure actuelle pas envisageable pour des raisons politiques, économiques et sociales. Les pays de la région MENA seraient-ils en outre prêts à accepter un "Plan Marshall" européen ? Pas si sûr. Si la Tunisie s'est tournée vers l'UE pour des prêts notamment auprès de la Banque Européenne d'Investissement, L'Egypte, elle, ne se précipite pas vers Bruxelles et préfère aller au FMI.

Et surtout cette analyse obère complètement le débat sur la PEV. On peut lamenter l'absence d'une politique européenne cohérente et proclamée par Bruxelles, mais l'UE reste une organisation intergouvernementale, dont l'idée d'une politique étrangère avec des positions communes est une entreprise mise en place depuis peu. En outre, les Etats-membres ne perçoivent pas l'UE comme un acteur suffisamment sérieux et rapide dans sa prise de décision pour réagir en temps de crise. Donc, pour le moment, l'attention se porte sur la révision de la PEV. C'est moins glamour, plus bureaucratique, ne va pas propulser l'UE sur le devant de la scène, mais si elle veut asseoir une certaine position dans la région - qu'elle n'a pas aujourd'hui - il est important qu'elle développe une stratégie forte et pertinente.

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