mercredi 22 décembre 2010

Lectures et commentaires 22-12-2012

Au programme, pas mal de variétés, mais j'ai eu énormément de travail avant la fin de l'année, donc un chouïa moins d'articles que d'habitude. Volontairement, il n'y a pas d'articles sur l'Iraq, car je vais revenir dessus plus en détails dans un article ces jours-ci.

* Afghanistan Trip Report, Part I: BLUF / Abu Muqawama
* Censure à l'Institut du monde arabe : interdit de parler politique / Rue 89
* Egypt's Command Economy / Slate.com
* Muslim Brotherhood expels lone winning parliamentary candidate / Al Masry al Youm
* Hussein Agha and Robert Malley - Nothing Left to Talk About / New York Times
* Mathieu Bouchard - L’importation du conflit israélo-arabe : de quoi parle-t-on? / MEDEA
* What’s Inside the New Nuke Arms Treaty / Danger Room
* The Falcons: Warriors against terrorism / Arab News
* Gonul Tol - Why Turkey is Not Turning Islamist / The Middle East Channel
* Stéphane Mantoux - Washington au pays de l’or noir : les liens entre politique de sécurité et politique énergétique aux Etats-Unis / Alliance Géostratégique
* Fareed Zakaria - The Year of Microterrorism - Person of the Year 2010 / TIME



* Afghanistan Trip Report, Part I: BLUF / Abu Muqawama
Andrew Exum nous livre ses impressions à chaud de la situation en Afghanistan. Il note du mieux sur :
- les capacités de renseignements : une place plus importante au rens culturel est remarquable.
- la COIN marche mieux que jamais.
- la coordination entre forces spéciales et les forces régulières est excellente.

Les mauvais points sont déjà connus :
- le gouvernement afghan est trop corrompu et le Pakistan est un sanctuaire.
- les troupes pensent plus à tuer l'ennemi qu'à installer les fondamentaux de la gouvernance.
- les intérêts de la communauté internationale et du gouvernement afghan divergent et c'est particulièrement problématique au moment où la transition s'amorce.

* Censure à l'Institut du monde arabe : interdit de parler politique / Rue 89
Un débat sur la situation politique en Egypte a été censuré à l'Institut du monde arabe à Paris. Plutôt, les invités à un débat sur la situation politique en Egypte ont été cordialement invités à ne pas parler de politique. Chercher l'erreur!

* Egypt's Command Economy / Slate.com
L'article montre une tendance très intéressante en Egypte. De plus en plus, les militaires sont intégrés dans l'armée. Soit ce sont des actifs qui sont en charge d'entreprises, telles que pour la production d'huile d'olive, ou alors d'anciens militaires sont parachutés dans le secteur privé.

Pourquoi ? L'hypothèse serait de lier au maximum les militaires à l'économie pour qu'ils soutiennes Gamal Moubarak lors des prochaines présidentielles. Si telle est la stratégie, elle est risquée, car l'inverse peut également se passer. Plus les militaires ont de l'emprise sur l'économie, ce qui est un phénomène relativement nouveau, et plus ils contrôleront l'issue politique du pays. Steven Cook a analysé il y a quelque années que l'armée égyptienne avait quelque peu perdu de sa position privilégiée, peut-être qu'elle la retrouve par d'autres moyens.

* Muslim Brotherhood expels lone winning parliamentary candidate / Al Masry al Youm
Parfois, gagner des élections est une mauvaise chose. Magdi Ashour en fait les frais. Alors que beaucoup de partis en démocratie se réjouiraient d'avoir au moins un candidat élu, les Frères musulmans ont décidé d'excommunier le parlementaire, car il n'a pas suivi la position des FM de boycotter les élections.

* Hussein Agha and Robert Malley - Nothing Left to Talk About / New York Times
Les deux auteurs brossent un portrait très sombre du processus de paix. Tout va mal. Absolument tout. Pas de leadership, pas de volonté politique, pas de légitimité, pas de cause commune. Et le tout des deux côtés. En outre, cela n'est pas aidé par la légitimité en berne des Etats-Unis sur le sujet et par l'appui de posture des pays arabes qui désertent le paysage à chaque fois qu'il faut devenir sérieux et négocier. Bref, dur dur.

Le pire est qu'en Israël, Benjamin Netanyahou semble peu enclin à aller de l'avant sur le sujet et Mahmoud Abbas vit probablement ses derniers moments au pouvoir et personne derrière ne possède la même légitimité (déjà contestée) et le mouvement palestinien a rarement paru aussi fragmenté.

* Mathieu Bouchard - L’importation du conflit israélo-arabe : de quoi parle-t-on? / MEDEA
Pas mal du tout cet article, bien que malheureusement trop sommaire (contrainte éditoriale j'imagine). L'auteur note une recrudescence de l'expression de "l'important du conflit israélo-arabe" en France et en Belgique. Il décortique brièvement ce que cela signifie et ouvre une piste sur l'origine de la remontée sur le devant de la scène de cette expression auparavant désuète.

L'auteur rappelle toutefois que ce phénomène - si tant est qu'il soit vrai, prélat de départ dans cette tribune - n'est pas nouveau et nous remémore l'épisode de 1967 où Pierre Vidal-Naquet avait été ménacé pour avoir signé un texte en faveur d'Israël et par la suite protégé par l'Union des étudiants juifs de France. Dans le même temps, une vague d'incidents anti-arabes avait éclaté en France.

* What’s Inside the New Nuke Arms Treaty / Danger Room
Le "New START" semble sur le point d'être ratifié! Hallelujah! Les Républicains auront longtemps traîné des pieds, mais ne nous réjouissons pas avant que ce soit confirmé.

Spencer Ackerman revient sur les grandes lignes du traité : ce qu'il va faire et ce qu'il ne fera pas. Les Etats-Unis et la Russie devront leur stock d'armes nucléaires stratégiques à 1550 (les US en ont environ 2000 et la Russie 2600). Une réduction modeste, mais ce n'est déjà pas mal. En outre, même si le nouveau traité diminue le nombre de visites de sites, celles-ci seront plus complètes que les précédentes - et en plus, les Russes comptent aujourd'hui beaucoup moins de sites que lors du précédent traité en 1991.

Par contre, le traité laisse de côté la défense anti-missiles - rien d'étonnant - et les armes nucléaires tactiques, qui devraient le sujet d'un autre traité.

* The Falcons: Warriors against terrorism / Arab News
L'Arabie Saoudite se dote d'une nouvelle unité spéciale au sein du ministère de l'Intérieur. Les informations sont minimes au sujet de cette unité, si ce n'est son nom, The Falcons. La seule mission qui lui est officiellement attribuée est la lutte contre le terrorisme.

* Gonul Tol - Why Turkey is Not Turning Islamist / The Middle East Channel
Gonul Tol, du Middle East Institute, nous explique que l'AKP n'est pas en train de transformer la Turquie en foyer islamique, contrairement à ce que certains prétendent. En effet, plusieurs indicateurs démontrent que le parti au pouvoir est sur une pente de libéralisation et de démocratisation et que la question principale est de savoir si l'AKP va persévérer dans cette voie, ce qui n'est pas absolument certain.

La source première de réticence à l'égard de la transformation actuelle de la Turquie tient à l'orientation officiellement islamique de l'AKP. Toutefois, l'auteur explique que la religion n'est pas utilisée à des fins strictement religieuses mais à titre de droit fondamental, comme le port du voile dans les universités. En outre, si de plus en plus de Turcs se revendiquent religieux, cela ne va pas en contradiction avec leur défense de la démocratie et du libéralisme.

* Stéphane Mantoux - Washington au pays de l’or noir : les liens entre politique de sécurité et politique énergétique aux Etats-Unis / Alliance Géostratégique
J'aimerais dire que ce type d'article est anecdotique tant les arguments sont acceptés de tous, mais non. Trop souvent, les arguments les plus "simplissistes" sont mis en avant quant à la politique énergétique des Etats-Unis. Au lieu de faire un lien certes existant mais caduc entre la politique étrangère américaine et sa politique énergétique, Stéphane Mantoux étudie à raison le lien entre la politique de sécurité nationale et la politique énergétique. C'est un premier bon point.

Ensuite, il montre très bien comment les Etats-Unis cherchent à sécuriser leurs approvisionnements en pétrole sans tomber dans les caricatures des guerres pour le pétrole. Ce qui l'amène donc à conclure que la politique énergétique n'est qu'une des composantes de la politique américaine.

* Fareed Zakaria - The Year of Microterrorism - Person of the Year 2010 / TIME
La grande force de Zakaria est de pouvoir analyser clairement des phénomènes qui pourraient être développés dans des bouquins. Ici, il s'attèle au "micro-terrorisme". Il note, mais il est loin d'être le premier ou le seul, une recrudescence d'attentats terroristes ou de tentatives en 2011, mais il remarque un phénomène nouveau pour le terrorisme jihadiste.

Auparavant, le 11 septembre en est l'illustration, il fallait frapper fort et être le plus sanglant. Aujourd'hui, la stratégie est celle de l'hémorragie, c'est-à-dire de frapper un peu partout avec de petits moyens, mais continuellement. Si les jihadistes diront que c'est une nouvelle stratégie, en fait, c'est plus une adaptation, voire une stratégie par défaut. Les moyens de lutte anti-terroriste déployés depuis le 11 septembre ont forcé les jihadistes à trouver une voie de garage, car ils n'ont pas les moyens de leurs ambitions, donc il font comme ils peuvent - ce qui ne veut pas dire qu'un attentat majeur est inenvisageable.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour la critique.

Voilà un sujet qui m'était assez peu connu, mais qui m'avait toujours intéressé, sous la forme simpliste que vous énoncez : l'invasion de l'Irak en 2003 était-elle une guerre du pétrole ? Cela m'a permis à la fois d'y réfléchir et d'apporter des éléments de réponse.

Je prépare un autre article du même genre sur la Chine cette fois, mais là je connais encore moins que les Etats-Unis... à suivre.

 

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