vendredi 24 décembre 2010

Comment l'Iraq va-t-elle gérer l'héritage de Saddam Hussein ?

Ce matin, je regardais un documentaire sur Napoléon Bonaparte diffusé sur LCP. On y voyait notamment que la France a aujourd'hui encore du mal gérer à complètement l'héritage napoléonien. En Iraq, avec Saddam Hussein, il est fort probable que la situation soit encore plus délicate. Actuellement, la classe politique iraqienne est largement dominée par le Chiites qui ont terriblement souffert sous la dictature sunnite de l'ancien dirigeant. En réaction violente, les symboles liés à Saddam Hussein, mais également au baasisme, sont très souvent abolis, reniés, cachés.

Souvenons-nous que le premier à avoir institutionnalisé la débaassification n'est pas iraqien, mais américain. En effet, Paul Bremer, alors administrateur en Iraq, a donné les premiers ordres de débaassification le 16 mai 2003. On se souvient à quel point les décisions prises ont été catastrophiques pour l'avenir du pays, car les ordres édictées démantelaient toutes les structures déjà en place, ainsi que mettaient dans la rue tous les fonctionnaires de l'administration et de l'armée. Evidemment, Bremer n'est pas arrivé à cette conclusion seul et a été appuyé de Douglas Feith, lui-même fortement influencé par Ahmed Chalabi, l'informateur si peu fiable mais tellement omniprésent dans la politique américaine en Iraq de l'époque.

Malgré plusieurs tentatives d'adopter une approche moins rigide face au baasisme, la débaasification est toujours aussi présente dans la vie politique iraqienne. En 2008, une loi est votée qui instaure la Commission pour la Responsabilité et la Justice, dont le président n'est autre qu'Ahmed Chalabi. Lors des élections parlementaires de 2010, il est communément admis que cette commission a été utilisée pour bannir de nombreux hommes politiques sunnites pour laisser place au Chiites à la place.

La débaasification est un débat qui va animer l'Iraq pendant de longues décennies. Comment le pays va-t-il gérer l'héritage de Saddam Hussein ? Il y a fort à parier que dans un premier temps, il va y avoir une période de rejet absolu. Mais jusqu'à quel point ? Si certains symboles sont plus simples à gérer que d'autres - la statue de Saddam Hussein en plein cœur de Baghdad - d'autres posent un véritable dilemme. Un récent article du Guardian se penche sur la question du Coran de sang que Saddam Hussein a réalisé. En effet, dans les années 1990, le dictateur iraqien a donné 28 litres de son sang qui ont été utilisés pour écrire un exemplaire du Coran. Aujourd'hui, cette réalisation suscite la polémique en Iraq. Les uns veulent la conserver pour se remémorer de la barbarie de l'homme ; les autres veulent s'en débarrasser au même titre que tout symbole husseinien. Cet exemple est symptomatique du traumatisme profond qui va traverser l'Iraq pendant très longtemps. Effacer une partie de l'Histoire de son pays est une recette pour le désastre, car tout ou tard, il refait surface. Toutefois, il est bien compréhensible que la réaction première soit de tout liquider pour repartir sur des fondations saines. Le dilemme de l'Histoire.

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