jeudi 10 juin 2010

Pourquoi négocier avec l'Iran ?

Charles Kupchan du Council on Foreign Relations et de l'Université de Georgetown donne quatre raisons pour justifier d'un engagement avec l'Iran. Dans la continuité de son nouveau livre, How Enemies Become Friends, qui est sur ma liste de lectures, il explique que tout adversaire peut être amené à négocier si une bonne diplomatie est appliquée.

Voici ses quatre raisons :
1. De nouvelles sanctions ne peuvent avoir un intérêt que si elles viennent en complément d'un front uni sur le plan diplomatique. C'est ce que la nouvelle résolution encourage.

2. Les risques liés à l'abandon de la diplomatie sont tellement élevés qu'il y a tout intérêt à continuer. En effet, on en arriverait à deux possibilités : accepter un Iran nucléaire ou intervenir militairement. Deux options qui ne tentent personne de raisonnablement constitué, estime-t-il. Je suis d'accord, mais le risque demeure que si l'Iran arrive à faire un pied de nez au P5+1 jusqu'à obtenir un niveau de technologie suffisant pour construire des engins nucléaires, cela constituerait un précédent extrêmement problématique. Oui, la Corée du Nord l'a bien fait, mais les pressions internationale et médiatique étaient moins pesantes et elle a eu la délicatesse de se retirer du TNP en 2003 avant de compléter son programme.

3. Cette poursuite d'un dialogue pourrait provoquer une période d'instabilité au sein du gouvernement iranien. Idéalement, une coalition pourrait émerger et favoriser un règlement à l'amiable. Kupchan remarque que même Mahmoud Ahmadinejad a montré quelques signes encourageants à cet égard. C'est très risqué d'envisager les choses ainsi et à l'heure actuelle peu envisageable de toute manière. D'un autre côté, il a raison de mettre en exergue les récents signes de fléchissement quant à la position de Téhéran à l'égard de négociations. Il va toutefois falloir trouver un terrain d'entente entre les pistes de négociations qui excluent les P5+1 et la position des P5+1 qui n'acceptent pas de ne pas être seuls représentants de la communauté internationale.

4. Sur certains aspects, les Etats-Unis et l'Iran ont des intérêts communs, notamment en Afghanistan et potentiellement en Iraq. La poursuite d'un dialogue sur ces questions peut permettre d'atténuer les appréhensions des deux camps et faciliter de riches discussions sur le dossier nucléaire.

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