Anders Fogh Rasmussen s'est exprimé à Abu Dhabi dans le cadre d'une grande conférence organisée par l'OTAN et les Emirats Arabes Unis pour discuter du programme de partenariat de l'Initiative de Coopération d'Istanbul (ICI).
Son discours était marquant à deux égards. Tout d'abord, le nouveau Secrétaire général de l'OTAN s'est positionné sur le conflit israélo-palestinien et c'est un fait extrêmement rare. L'Alliance atlantique a une politique de discrétion à ce sujet et elle est très réticente en général à se positionner tant qu'on ne lui demande pas. Ce ne sont pas les solutions de sorties de crise qu'il a données qui sont novatrices, c'est le fait qu'il se soit positionné sur ce sujet dans un pays arabe. De fait, c'est sur ce propos que commence l'article du Khaleej Times, alors que c'est un détail dans le discours de Rasmussen. Je suis curieux de voir comment cela va évoluer, notamment à savoir si ce discours marque un tournant dans la stratégie otanienne ou pas.
Contrairement à l'UE, l'OTAN a toujours préféré rester discret sur ce sujet pour éviter d'embarquer ces programmes de partenariat sur des terrains glissants et accidentés, ce que l'UE n'a jamais réussi à faire d'où les inextinguibles difficultés du partenariat euroméditerranéen. L'Alliance a réussi bon an mal an à faire avancer le Dialogue Méditerranéen depuis 1994 où se côtoient Israël et plusieurs pays arabes qui ne reconnaissent pas tous son existence. C'est une technique risquée et je doute qu'il soit dans l'intérêt de l'OTAN de trop se positionner sur ce sujet. Elle peut avoir une position, mais elle n'a pas de rôle à jouer pour le moment et ce tant que l'on ne lui demande pas, surtout que dans ces pays, elle demeure souvent perçue comme une alliance purement militaire et une extension de la politique américaine.
Son propos laisse également penser que l'OTAN veut faire évoluer l'ICI vers plus de multilatéralisme. Cette initiative est le troisième programme de partenariat de l'Alliance avec le Partenariat pour la Paix et le Dialogue Méditerranéen - tous les deux fondés en 1994. L'ICI a été créée au sommet d'Istanbul en 2004 et s'adresse en particulier aux pays du Golfe. Elle réunit à ce jour le Bahreïn, les Emirats Arabes Unis, le Koweït et le Qatar. Il y a des discussions avec l'Arabie Saoudite et Oman, mais pas d'accord pour le moment. Ce partenariat est en fait une offre de contribution à la sécurité régionale de la part de l'OTAN. Elle ne force absolument pas ces pays à participer ; elle offre ses services et son expertise et les pays choisissent dans ce menu. Idéalement, les objectifs sont l'interopérabilité et la réforme démocratique du secteur de sécurité, mais c'est une ambition officiellement non défendue, car elle exige trop d'engagements de la part des pays partenaires, qui ne sont pas encore prêts à prendre cette voie. Ainsi peut-on résumer la coopération actuelle à une participation de l'OTAN à la modernisation des armées - dans les techniques et les tactiques, pas l'armement.
Jusqu'à présent, les échanges se faisaient strictement sur une base bilatérale, car il y avait trop de réticence de la part de ces pays à discuter dans un forum multilatéral de questions de sécurité et de défense. Le Secrétaire général de l'OTAN semble vouloir changer cette orientation et favoriser plus de multilatéralisme. L'idée serait, je pense, d'encourager plus de discussions sur ces sujets sensibles entre les partenaires eux-mêmes, comme cela est le cas au sein du Dialogue Méditerranéen. C'est à mon avis une excellente idée, mais on verra dans quelle mesure cela est envisageable.
dimanche 1 novembre 2009
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