Au lieu de fêter la Révolution islamique, les manifestations à Téhéran ont été marquées par des mouvement d'opposition au gouvernement et au régime théocratique tel qu'il est défendu par ses dirigeants actuels. Nous pourrions tout à fait voir poindre les premiers signes d'une révolte de plus grande ampleur demain, pour autant, il faut rester prudent tant sur les indicateurs pris en compte que sur la réalité de ce mouvement.
Suzanne Maloney du Brookings a publié une excellente chronique à ce sujet. Elle explique qu'il est paradoxal de constater le contraste entre 1979 et 2009. Au moment de la Révolution islamique, les slogans étaient furieusement anti-américains. Aujourd'hui, ils sont clairement anti-gouvernement et anti-régime. Dans un pays aussi peu enclin à la critique de la doxa officielle, cela peut être perçu comme un progrès considérable. Les partisans d'opposition, que l'on appelle désormais "le mouvement vert", ont gâché la fête et ils vont en général plus loin en adoptant les pratiques religieuses et celles de la Révolution pour les détourner à leur profit.
En septembre, dans les manifestations annuelles contre Israël, les opposants ont appelé au rejet du régime en place. A la suite des élections de juin, ils ont manifesté le 40e jour de la mort d'une jeune fille tuée pendant les violences post-électorales. Il y a quelques jours, ils ont de nouveau appelé à la démocratie et à la fin du régime, jour de commémoration du 30e anniversaire de la prise d'otage de l'ambassade américaine en Iran, symbole pour le monde occidentale de la montée en puissance visible de la révolution islamique.
Maloney demeure lucide. Idéalement, ce mouvement pourrait conduire à une exigence de réformes qui aboutirait à la chute du régime, mais cela est une chimère pour le moment et on ne voit peut-être aujourd'hui à peine que les contours d'un mouvement d'une ampleur suffisante pour atteindre un tel résultat. Et pour Maloney, le long terme se joue aujourd'hui, ce qui n'est fondamentalement pas erroné. J'aurais plutôt tendance à affirmer qu'il est important de penser que c'est le cas même si ce n'est pas réellement le cas. Cela peut permettre d'encourager plus d'opposition. C'est un des fondements d'une vraie démocratie.
Pour le moment, l'auteur explique que l'opposition est peu organisée, que ses leaders sont des modérés qui ne peuvent se couper d'un régime dont ils ont bénéficié pendant des décennies et que l'Etat iranien a jusqu'à présent réussi à contenir ces mouvements de manière féroce.
vendredi 6 novembre 2009
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