jeudi 13 août 2009

Détérioration de la situation et désintérêt problématiques au Yémen (mis à jour 2)

La situation au Yémen ne cesse de se détériorer. Depuis quelques jours, les affrontements entre les forces de sécurité du gouvernement et les rebelles chiites Houthi se sont intensifiés. Les violences n'ont jamais été aussi fortes depuis la signature d'un cessez-le-feu en 2008. Les informations sur la situation sur place manquent, mais visiblement il y a des dizaines de morts. L'armée yéménite utilise l'armée de l'Air et l'armée de Terre pour en finir avec ces insurgés.

Les Houthi représentent un réel problème pour l'autorité yéménite. Ce groupe chiite est en faveur de la restauration d'une autorité cléricale chiite qui était en vigueur jusqu'à la révolution de 1962. L'affrontement entre ce groupe armé et le gouvernement date de cette époque, mais les racines datent de bien avant. Les Houthi se revendiquent de la branche Zaidi du chiisme. Ils ont été à la tête du Yémen pendant plusieurs centaines d'années. En 1962, avec l'appui notamment de l'Arabie Saoudite, les Sunnites ont renversé le pouvoir plongeant les Chiites dans le désarroi. Ils sont depuis concentrés dans la province de Saada au nord du pays.

Depuis 2004, les campagnes d'affrontement entre forces gouvernementales et combattants Houthi sont fréquentes. En 2007, un cessez-le-feu avait été décrété, qui n'a jamais été respecté. En 2008, le Qatar a joué l'intermédiaire entre les deux parties, qui se sont plus ou moins tenus jusqu'à aujourd'hui.

Le problème Houthi vient s'ajouter à deux autres inquiétudes au Yémen : la présence d'Al Qa'ida et les séparatistes au sud. Trois épines donc qui affaiblissent considérablement le poids du gouvernement central. Tariq Alhomayed dans Asharq Alawsat estime qu'il est avant tout nécessaire de régler la question séparatiste. C'est pour lui la priorité, car le mouvement séparatiste est celui qui bénéficie du plus de soutien. Une fois ce dossier réglé, les rebelles Houthi ne devraient pas être trop gênants, car leur soutien est beaucoup moins important. Une solution apportée à ces deux problèmes servirait à renforcer l'intégrité territoriale du Yémen et de fait limiter la possible création d'une zone de libre droit pour Al Qa'ida. Le processus a l'air simple, mais il est en fait semé d'embuches.

Des embuches que l'on trouve notamment dans le fait que tout le monde se désintéresse de la question yéménite (et somalienne). Mutlaq Musa’ed Al-Ajmi écrit dans une tribune pour Yemen Times que le monde arabe ne bouge même pas le petit doigt pour venir en aide au Yémen. Aucun leader arabe, ni les Secrétaires généraux de la Ligue arabe et du Conseil de Coopération du Golfe n'est venu à Sanaa. Seul le général David Petraeus de CENTCOM est venu rendre visite au Président Ali Abdullah Saleh pour annoncer plus de coopération dans la lutte contre le terrorisme et un soutien à la stabilité et à l'unité du pays.


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L'éditorialiste se plaint également que les dirigeants arabes ignorent la question somalienne. Sans un effort international contre la piraterie dans le Golfe d'Aden, cette pratique ancestrale n'aurait fait que se banaliser. De plus, le Yémen reçoit régulièrement des centaines de réfugiés somaliens qui fuient leur pays. Un autre phénomène ignoré des chancelleries arabes. Bref, une situation extrêmement préoccupante qui n'intéresse tristement personne, alors que les enjeux locaux, régionaux et globaux sont potentiellement explosifs.

***UPDATE***

Le gouvernement yéménite a annoncé les conditions pour un cessez-le-feu. Voici les conditions requises :
1. Se retirer de tous les districts de Saada et démanteler tous les check points [entre la province et la capitale] empêchant la libre circulation.
2. Descendre des montagnes et mettre fin au banditisme et aux actes de destruction.
3. Rendre tous les équipements civils et militaires dont ils se sont emparés.
4. Clarifier la situation des [six] étrangers kidnappés [en juin], soupçonnés d'avoir été enlevés par les rebelles.
5. Donner aux autorités tous ceux qui kidnappent à Saada.
6. Aucune intervention de quelque sorte dans les affaires des autorités locales.

Autant dire qu'avec des conditions aussi contraignantes, les choses ne sont pas prêtes d'avancer rapidement...

***UPDATE 2***

Suite au commentaire de Nefermaât et d'une réflexion que je me suis faite ce matin, j'aimerais clarifier un point. J'ai peut-être donné l'impression d'une opposition entre de méchants rebelles contre un gentil gouvernement. Si c'est le cas, je tiens à rectifier le coche. Le Président Saleh n'a rien d'un enfant de coeur. A titre d'exemple, pour rallier le soutien occidental, il a présenté la lutte contre les Houthi comme s'inscrivant dans la lutte contre le terrorisme, alors que ça n'en est pas du tout. L'offensive actuelle émane du gouvernement, non des Houthi.

De l'autre côté, le groupe chiite n'est pas tout noir non plus. Certaines demandes sont tout à fait légitimes. Ils demandent par exemple une liberté de culte et la fin de l'interférence de la prêche du sunnisme salafiste dans leur province. Ils demandent également plus de justice sociale et la fin de la corruption.

Certes, entre les mots et les actions, il y a souvent un gouffre, mais je tenais à préciser ces points.

7 commentaires:

Elsa a dit…

Depuis peu, le Yémen intéresse beaucoup de gens quand même, au moins parmi ceux qui s'intéressent au Moyen-Orient + Afghanistan. Jamais vu autant d'articles sur ce pays que depuis 2-3 mois...

Vivien a dit…

ce n'est pas faux, mais cela reste très marginal tout de même et surtout, on se focalise sur les kidnappings et Al Qa'ida.

Nefermaât a dit…

La seule chose qui me dérange dans ce bon article c'est la façon dont tu rappelles les faits : à te lire, le gentil gouvernement yéménite est abandonné de tous, et le pauvre il a affaire à de méchants rebelles qu'il n'arrive pas à vaincre faute de soutien... C'est loin d'être aussi simple.

De plus, le fait de rappeler que les rebelles sont chiites n'apportent rien puisque le fait religieux n'a rien à voir dans le conflit qui l'oppose au gouvernement, puisque certains membres de cette communauté sont également au gouvernement.

Vivien a dit…

c'est amusant que tu dises ça, parce que je me suis fait la même réflexion ce matin concernant le gouvernement yéménite. Il est vrai qu'il n'a rien de gentil.

Concernant le fait religieux, il n'est pas omnipotent, mais il est tout de même essentiel. Certes, c'est également une lutte de pouvoir et de reconnaissance, mais cela aurait-il été similaire si les Houthi avaient été sunnites? Je ne crois pas. De plus, les demandes des Houthi sont autant politiques que religieuses.

Nefermaât a dit…

Merci de la précision ! Je suis bien d'accord avec toi...

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