Phlip Carl Salzman de l'Université McGill répond par la négative à cette question dans une tribune sur Middle East Strategy at Harvard. Avant les élections, il trouvait deux raisons pour appuyer le point de vue que le régime iranien n'est pas rationnel :
* Sa raison d'être est religieuse et ses objectifs à long terme sont guidés par le prisme religieux.
* Sa position extrémiste à l'encontre d'Israël semble résulter d'un absolutisme religieux et de triomphalisme.
Une troisième raison vient de s'ajouter à sa liste, écrit-il : les élections truquées. Salzman est particulièrement circonspect par le fait que le Guide suprême, l'Ayatollah Khamenei, ait arrangé les résultats, alors même que tous les candidats étaient d'inconditionnels loyalistes de la Révolution islamique. Au lieu de laisser le peuple choisir parmi ce petit groupe, soigneusement pré-sélectionné par le régime, le Guide suprême a préféré favoriser le plus radical d'entre eux. Une nouvelle preuve, selon Salzman, du fanatisme religieux et d'un acteur irrationnel.
L'auteur prend ensuite le récent ouvrage de Amir Taheri, The Persian Night: Iran Under the Khomeinist Revolution pour indiquer qu'un soulèvement populaire et des fractures multiples se dessinent en Iran et que le régime au pouvoir a de plus en plus peur de perdre sa main mise. L'ouvrage, paru avant les élections, prend tout son sens à la lumière des récents évènements. Le conseil de Taheri relayé par Saltzman, ne surtout pas légitimer les actions du gouvernement, en montrant du doigt les Etats-Unis et l'Union Européenne.
La rationalité du régime iranien peut effectivement être débattue, mais il est difficile de tenir le seul argument de la religion. Concernant son premier point, la religion n'est pas le seul prisme par lequel voit le régime : il y a aussi la place sur l'échiquier régional et international. Concernant le second point : comme le suggérait Trita Parsi en 2005, c'est plus une dynamique de cycle de puissance entre les deux qu'une folie religieuse. De plus, que répondrait Saltzman à la question : en possession de l'arme nucléaire, l'Iran l'utiliserait-elle contre Israël ? Sur son troisième point, ce n'est pas de l'absolutisme religieux, c'est une tentative de survie.
lundi 17 août 2009
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