vendredi 10 juillet 2009

Parlons un peu de la "gaffe" de Biden et de son "feu vert" à Israël

Les commentaires de Joe Biden sur une hypothétique attaque d'Israël sur l'Iran ont causé une controverse qui dépasse la portée de ses propos. Sur l'émission d'ABC "This Week", le vice-président américain a affirmé que les Etats-Unis n'avaient aucun droit de regard sur les décisions d'Israël vis-à-vis de l'Iran. "Si le gouvernement de Netanyahu décide de prendre une voie d'action différente de celle poursuivie à présent, c'est leur droit souverain. Ce n'est pas notre choix." Et d'ajouter, "nous ne pouvons dicter à une nation souveraine ce qu'ils peuvent et ne peuvent pas faire quand ils ont pris une résolution, s'ils ont pris une résolution qu'une menace existentielle pèse sur eux et que leur survie est menacée par un autre pays."

Il n'en fallait pas plus pour déclencher les foudres. On ne compte pas le nombre de personnes qui ont estimé que Biden avait donné "un feu vert" à Israël pour se charger de l'Iran. Certes, Barack Obama s'est empressé le lendemain de clarifier la situation. Dans un entretien à CNN, il a déclaré que les propos de son VP n'était absolument pas "un feu vert". "Je pense que ce le vice-président Biden a énoncé un fait catégorique, qui est que nous ne pouvons pas dicter à d'autres pays ce que leurs intérêts sécuritaires sont. Ce qui est également vrai est que la politique des Etats-Unis pour résoudre le dossier des capacités nucléaires iraniennes passe par la voie pacifique via les canaux diplomatiques." Mais, le mal était-il déjà fait ?

Comme l'a écrit à juste titre Stephen Walt, Biden n'a fait qu'un truisme. Israël est un pays souverain, donc oui, Israël prend ses propres décisions et les Etats-Unis ne peuvent que conseiller ou déconseiller, mais pas interférer. (Certains diront que Washington ne se prive pourtant pas de le faire ailleurs.)

La deuxième raison que Walt donne est que cela importe peu de savoir si Israël donne son feu vert ou pas, puisque dans tous les cas de figure, une attaque israélienne sur l'Iran impliquerait forcément les Etats-Unis, tant parce que Washington est le principal allié d'Israël, mais aussi parce que les armes pour perpétrer une telle offensive serait américaine. Même si les Etats-Unis veulent donc se détacher de potentiels raids israéliens, cela leur retombera forcément dessus d'uen manière ou d'une autre.

Mais, il y a autre chose également. Je rejoins Marc Lynch et Jim Sleeper, certes Biden ne dit rien d'erroné, mais n'avait-il pas mesuré la portée de tels propos, la manière dont cela pouvait, voire allait, être interprété ? En théorie, ce qu'il dit est très juste, mais politiquement, c'est tendre la perche pour se faire battre.

Biden est connu pour ses gaffes en pagaille et comme suggère Sleeper, peut-être que Biden, très expérimenté en politique étrangère, n'a pas l'habitude d'être vice-président plutôt qu'un simple sénateur et qu'il ne mesure la portée mondiale que ses propos peuvent avoir. Pour Frida Ghitis, une autre perception est envisageable. Peut-être est-ce une stratégie du bon flic/mauvais flic, où l'un parle de diplomatie et l'autre se montre plus ferme. C'est possible, mais en tout cas, officiellement et officieusement, l'administration américaine est contre une attaque contre l'Iran, qu'elle vienne d'eux ou des Israéliens. De toute manière, il semble que les Israéliens, au cas où ils attaquent, ne demandent pas l'accord de Washington, car ils craignent un refus.

Du buzz donc, car Biden n'a rien dit de faux, mais juste politiquement, c'était risqué. A moins effectivement que ce ne soit une stratégie...

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