lundi 20 juillet 2009

Fred Halliday revient sur les récentes manifestations en Iran

J'ai récemment découvert le site Open Democracy qui publie quelques bons articles, mais surtout offre à Fred Halliday une chronique sur l'actu. Connaissant le personnage, il y a de grandes chances qu'il consacre une large place au Moyen Orient. J'attendais donc sa première chronique depuis que je me suis abonné à son flux RSS. Sa nouvelle livraison est, comme je pouvais m'y attendre, d'excellente facture.

Il revient sur le tohu-bohu en Iran. Sa longue chronique aborde de nombreux points tous très intéressants. Tout d'abord, il remet dans le contexte historique la brutalité policière à l'encontre des manifestants. Déjà à l'époque du Shah et ensuite pendant les protestations sous la théocratie, le régime a toujours réagi de la même manière. Manifestations, suivies de violence policière. Une fois les correspondants étrangers expulsés et l'intérêt international retombé, les assassinats d'opposants dans les prisons peuvent se poursuivre sans entrave.

Pour autant, Fred Halliday estime que l'on peut dresser de nombreux parallèles entre les évènements actuels et ceux de 1908, qui avait donné lieu à une constitution que l'on souhaiterait voir ranimer en Iran. Autre parallèle intéressant, "dans un certain sens, la République islamique, comme le communisme, a perdu sa crédibilité idéologique originale et a préparé le terrain pour sa propre mort : avant toute chose en éduquant le peuple". Et comme les rébellions en Europe centrale et orientale dans les années 1980, les revendications dépassent les frontières nationales, et ce grâce aux développements des NTIC et à une ouverture sur le monde.

Autre analyse intéressante. Certes, on entend beaucoup parler des manifestations de la population, voire du remue-ménage de quelques hommes politiques. Mais, pour Halliday, ce n'est qu'une seule facette d'une pièce. L'autre facette est plus cachée, mais potentiellement plus importante : c'est la bataille au sein des élites politiques et religieuses. Hashemi Rafsanjani et Mohammad Khatami, anciens Premiers ministres, ont fait part de leur mécontentement en public. En privé, ils essaient au maximum d'influencer le clergé à Qom, le plus grand centre religieux du pays et du monde chiite. Le duo Khamenei-Ahmadinejad fait son possible pour garder des soutiens majoritaires. De toute manière, estime Halliday, tant que les pasdaran et les services de sécurité ne seront pas divisés, le régime gardera le cap.

Dernier aspect enfin qu'il faudra suivre : les manifestations vont-elles être instrumentalisées ? La question mérite d'être posée si jamais elles continuaient à prendre de l'ampleur. Un précédent existe : la révolution de 1979. A cette époque, la gauche marxiste menait le mouvement, revendiquant plus de droits et de libertés. Les religieux ont utilisé le mouvement déjà lancé et une fois au pouvoir, ils ont asphixié les ardeurs des manifestants. Qu'en sera-t-il cette fois-ci ?

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