mercredi 1 avril 2009

Parlons un peu du DM et de l'ICI de l'OTAN

Pour qui s'intéresse un peu à la question du Dialogue Méditerranéen (DM) et l'Initiative de Coopération d'Istanbul (ICI) de l'OTAN, l'analyse publiée sur le Royal United Service Institute est assez creuse, mais ne serait-ce que parce que ce sont deux programmes peu connus, je la mentionne.

Première constatation. Le RUSI a publié plusieurs analyses pour les 60 ans de l'OTAN, dont d'excellents articles de Christopher Cocker, prof à LSE, et Ellen Hallams, prof dans une université militaire anglaise. Deux universitaires donc, alors que l'article sur le Moyen Orient et l'OTAN est écrit par Mina al-Orabi, journaliste à Asharq Alawsat. Je n'ai rien contre les journalistes, mais c'est une preuve du manque d'universitaires qui travaillent sur la question. Pour étudier ces deux programmes, à l'exception du Collège de Défense de l'OTAN, il y en a très peu qui travaillent en indépendant sur ces questions.

Mina al-Orabi recence les a priori persistants sur l'OTAN dans la région. Une organisation sous la botte de Washington, aux services des intérêts de l'Occident. Bizarrement, elle ne fait pas mention du fait que l'OTAN est perçue comme une organisation "offensive" et "agressive". Autant de clichés qu'elle admet être faux et le résultat de conceptions préconçues qui ne se sont pas encore évaporées, malgré les différents efforts en ce sens.

Elle évoque ensuite la sempiternelle question israélo-palestinienne. Je ne vois pas l'intérêt de soulever un débat quasi inexistant dans ces partenariats. Bien au contraire, l'OTAN s'est toujours gardée d'engager le débat dans le DM et l'ICI pour éviter de se tirer une balle dans le pied, qui pourrait paralyser les initiatives, comme ce fut le cas pour le Processus de Barcelone par exemple.

Selon elle, publiquement, l'OTAN ne veut pas avoir un rôle dans le processus de paix, mais en privé, l'Alliance Atlantique étudie la possibilité. Et elle ne devrait pas, écrit-elle, ce n'est pas son rôle. Certes, mais c'est son rôle d'étudier la possibilité, parce que si demain, elle était sollicitée, il serait pertinent qu'elle ait déjà étudié le dossier. Mais, ce n'est effectivement pas souhaitable.

De même, al-Orabi affirme que l'ICI "se penche sur la région du Golfe et couvre l'Iran", ce qui est tendancieux, car l'Iran ne fait pas partie de l'ICI et cette initiative est plutôt destinée avant tout aux pays du CCG - seule l'Arabie Saoudite et Oman n'en font pas partie. Elle avance également que le DM "est une organisation qui a été initiée dans une série de plans autour de la Méditerranée dans les années 1990 pour fournir une plate-forme à des interactions arabo-israéliennes et pour aider à créer un sens commun de sécurité". C'est faux. Le DM n'a nullement été créé dans cette logique là. Son origine tient au fait que l'OTAN au sortir de la Guerre froide s'est rendu compte que la Méditerranée était une zone de laquelle de nouvelles menaces pouvaient émerger et qu'il était du devoir de l'Alliance de se préoccuper de cette région (Les critiques diront que l'OTAN a cherché à se trouver un intérêt de rester en vie). Ce n'est pas tant un sens commun de sécurité que l'OTAN a voulu créer que des intérêts communs, comme la lutte contre le terrorisme et la prolifération des ADM.

Pour ceux qui seraient intéressés par en savoir, voici un research paper du NDC de l'OTAN sur les deux initiatives.

Je doute que le sommet de l'OTAN s'attarde beaucoup sur le DM et l'ICI, mais je suivrai cela de près.

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