Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour blogger cette semaine et ça va continuer... donc je rattrape mon retard sur l'actualité diplomatique de la semaine. Et que vois-je? Un article d'Asia Times qui décrit un puzzle diplomatique aussi tordu qu'un roman bien complexe. Les Etats-Unis montrent de plus en plus de signes d'ouverture à l'égard de l'Iran. Washington a décidé qu'à partir de maintenant, les Etats-Unis feraient partie des discussions du P5+1 sur l'Iran, ce qui n'était en pratique pas le cas jusqu'à présent. Dans le même temps, le président kazakh Nurusultan Nazarbayev a dévoilé il y a quelques jours un plan très ambitieux de créer une banque mondiale d'uranium. Le Kazakhstan est le second producteur d'uranium au monde après l'Australie. Signataire du TNP, Astana a volontairement abandonné tout programme nucléaire en 1991 après la chute de l'Union Soviétique. Deux arguments que Nazarbayev met en avant pour justifier la pertinence de son pays à accueillir une telle banque.
L'ambitieux projet kazakh cache deux objectifs : le premier est d'affirmer le Kazakhstan comme un acteur géopolitique de premier plan et le second est de proposer une issue de sortie à l'imbroglio irano-américain sur le nucléaire. En effet, le Kazakhstan se propose de fournir en uranium tout pays qui souhaite développer l'énergie nucléaire, mais pas l'arme nucléaire. Ce projet a apparemment reçu le soutien de l'administration Obama et le Président américain pourrait même se rendre à Astana, une première pour un chef de l'exécutif américain.
Du côté de Téhéran, les réactions sont positives. Mahmoud Ahmadinejad a qualifié le projet de "bonne idée". Avant la rhétorique agressive de l'administration de George Bush, l'Iran avait déjà signalé son soutien a une telle initiative de mettre en place une banque d'uranium à l'étranger dans laquelle le pays puiserait. Mais, c'était avant Bush et surtout, c'était avant qu'Ahmadinejad s'enhardisse. Pour M K Bhadrakumar dans Asia Times, la position américaine évolue vers une nouvelle attitude sur le nucléaire iranien. Le message serait désormais "ne développez pas d'arme nucléaire". Cette supposition inciterait donc les Américains à activement soutenir le projet kazakh de telle sorte que l'Iran y adhère, développe l'énergie nucléaire, mais pas d'arme nucléaire. Ahmadinejad a d'ailleurs récemment affirmé qu'il ne fallait pas faire un amalgame entre énergie nucléaire et arme nucléaire.
L'intrigue diplomatique se poursuit avec l'entrée en piste du Japon. En effet, Tokyo a montré des signes positifs à l'égard de l'initiative d'Astana et est le troisième importateur d'uranium après les Etats-Unis et la France. De plus, le Japon entretient des relations cordiales avec l'Iran. Autre indicateur, plusieurs négociateurs japonais sur le Moyen Orient, dont un ancien ambassadeur en Iran, étaient récemment à Washington et ont discuté avec le Conseil de Sécurité Nationale. Bhadrakumar voit donc une coopération américano-japonaise où le Japon participe et légitimise le projet d'Astana et encourage l'Iran à y prendre également part.
Clairement, le scénario est idéaliste, mais potentiellement envisageable. Surtout, ce qui devient de plus en plus évident, c'est qu'en amont de l'élection présidentielle iranienne en juin, Washington multiplie les signes d'ouverture pour décrédibiliser la position dure d'Ahmadinejad. Forcément, l'administration Obama se trouve embarassée quand Téhéran se targue de ses avancées technologiques en matière de nucléaire, comme c'était encore le cas cette semaine.
dimanche 12 avril 2009
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1 commentaire:
Si on fait l'Iran un actionnaire de cette ''banque'', on risque un risque un nouveau scénario Eurodif ?
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