vendredi 24 avril 2009

Et si les Palestiniens ne voulaient pas d'Etat (mis à jour)

Je profite d'une petite accalmie avec les problèmes de clavier de mon ordinateur pour me pencher sur un article quelque peu polémique publié par Robert Kaplan dans sa dernière chronique pour The Atlantic. Il s'interroge sur les raisons qui font que les Palestiniens n'ont toujours pas d'Etat.

Il explique que certes, les Israéliens et les Palestiniens ne sont toujours pas arrivés à un accord diplomatique et politique et que l'on peut trouver des torts chez les uns et les autres pour ces échecs répétés. Mais, avance Kaplan, il y a peut-être une autre raison. Peut-être que les Palestiniens ne veulent pas d'un Etat. En effet, il s'inspire d'un article de Jakub Grygiel, un prof de la Johns Hopkins, publié dans la revue universitaire Policy Review. Ce dernier explique que le fait de ne pas avoir d'Etat a de nombreux avantages. Grygiel ne se penche pas sur le cas palestinien, mais Kaplan reprend le modèle pour l'appliquer à la situation proche-orientale.

De nombreux groupes n'aspirent plus à avoir un Etat aujourd'hui, "car ils sont capables d'atteindre leurs objectifs sans". Avec les nouveaux moyens de communication, il est tout à fait possible d'unifier un peuple autrement que par la création d'un Etat. En reprenant la ligne de Grygiel, Kaplan avance qu'il est même parfois très préférable que ces groupes n'aient pas d'Etat.

Un Etat devient une cible qu'on peut abattre. Kaplan estime que l'Etat de demi-Etat créé par le Hamas à Gaza a permis à l'aviation israélienne de pilonner la zone. De plus, un Etat engendre des responsabilités. Le Hezbollah pourrait prendre le pouvoir au Liban, mais à quoi bon cela lui servirait-il puisqu'il peut atteindre ses objectifs sans? "Le fait de ne pas avoir d'Etat (statelessness) offre un niveau 'd'impunité' face aux représailles", écrit Kaplan.

Au-delà de cet état de fait, le gros avantage de ne pas avoir d'Etat est que l'on peut répandre un extrémisme religieux sans avoir à se préoccuper de frontières géographiques, sans avoir à faire de compromis. Kaplan prévient que cette théorie, si elle s'avère juste, ne touche pas tous les Palestiniens, mais suffisamment pour empêcher la création de la Palestine :
Avoir un Etat signifierait faire ouvertement un compromis avec Israël, et, en raison des diktats de la géographie, entretenir une relation politiquement et économiquement intime avec lui. Mieux vaut la gloire de la victime en combinaison avec le pouvoir d'abstraction radicales! En tant que peuple sans Etat, les Palestiniens peuvent lancer des roquettes sur Israël, mais ne pas être complètement blâmés aux yeux de la communauté internationale. Avoir un Etat mettrait nécessairement fin à ce permis.


Kaplan indique que les Etats-Unis doivent tout de même continuer à s'impliquer dans la résolution du dossier et faire pression sur le gouvernement israélien pour faire des compromis avec les Palestiniens, car cela permettrait à l'administration de redorer son blason auprès de la communauté musulmane. Dans le même temps, les Etats-Unis doivent considérer l'hypothèse que ce conflit est sans fin, "parce que les Palestiniens ont peut-être déjà ce qu'ils veulent".

***UPDATE***

Je viens de lire la conférence de presse conjointe que Barack Obama et le Roi Abdallah de Jordanie ont donnée mardi du Bureau Oval. Un petit point intéressant, le dirigeant jordanien est le premier dirigeant de la région à être accueilli à Washington avant Israël notamment.

Voyons un peu l'attitude qu'il compte adopter dans le processus de paix:

Je suis un fervent partisan d'une solution à deux Etats. (...) Et je pense qu'il y a beaucoup d'Israéliens qui croient également en une solution à deux Etats. Malheureusement, ce que nous avons vu non seulement en Israël mais également dans les Territoires palestiniens, dans les Etats arabes, dans le monde, est un profond cynisme à l'égard de la possibilité qu'un quelconque progrès puisse prendre forme.

Ce que nous voulons est sortir de l'abysse, dire qu'aussi difficile que ce soit, l'idée de paix existe toujours - mais, elle va requérir des choix difficiles, elle va requérir une résolution de la part de tous les acteurs impliqués, et elle va requérir que nous mettions en place des étapes concrètes que toutes les parties peuvent adopter et qui démontrent cette attitude résolue. Et les Etats-Unis vont être profondément engagés dans ce processus pour voir si nous pouvons faire des progrès.

Maintenant, au bout du compte, ni la Jordanie, ni les Etats-Unis ne peuvent le faire pour les Israéliens et les Palestiniens. Ce que nous pouvons faire est créer les conditions et l'environnement et fournir notre aide et notre assistance pour faciliter un accord.

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