La démarche est quelque peu surprenante. Vendredi, le Maroc a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec l'Iran. La raison ? Le ministre de l'Intérieur iranien a déclaré que le Bahreïn fut un temps la 14e province de l'Iran et que ce royaume avait toujours un siège au Parlement iranien. Cela a provoqué un éclat de colère dans le monde arabe sunnite, qui a condamné ses propos. Le Maroc a poussé la rhétorique en prenant des actions radicales.
En fait, il faut aller un peu plus loin pour trouver la raison de cette décision. Le Maroc accuse l'ambassade chiite iranienne à Rabat de vouloir "modifier les fondamentaux religieux du royaume" et donc met en danger l'unité du pays. En d'autres termes, le Maroc sunnite et très attaché à l'aspect religieux du royaume comme facteur de stabilité (les dirigeants marocains se réclament descendants directs du Prophète Mohammed) accuse les Iraniens chiites et apparemment à la recherche d'une plus large diffusion de leur courant de l'islam de prosélytisme.
Un article d'Associated Press cite Anthony Cordesman du CSIS expliquant que cette décision peut indiquer que les pays arabes sont prêts à tenir tête à l'Iran... du moins ceux qui ne sont pas directement menacés. En effet, les pays du Golfe essaient de trouver un équilibre, même de façade, avec Téhéran. Sans être directement lié, les Enjeux Internationaux sur France Culture traitaient il y a quelques jours des possibles implications d'un rapprochement irano-américain pour les pays du Golfe.
Le Maroc étant bien éloigné de l'Iran, une telle démarche est beaucoup moins problématique. Pour autant, et comme l'explique Cordesman, on peut voir ici une quasi-polarisation des pays arabes, entre ceux qui sont limitrophes de l'Iran et donc cherchent à amadouer la bête et les pays plus éloignés, de plus en plus inquiets de l'influence apparemment sans limite que Téhéran acquiert dans la région.
La réaction de Téhéran est très intéressante. L'Iran fait patte blanche en affirmant ne pas comprendre cette décision et la jugeant "sans fondement". La République islamique en appelle à l'unité des Musulmans, unité nécessaire pour faire face aux conspirations sionistes, peut-on lire dans le Tehran Times. Cette déclaration converge avec la position adoptée par l'Iran notamment depuis le début de l'opération Plomb Durci. Pendant que les pays arabes se montraient hésitants à se positionner très clairement et à prendre des mesures contre Israël, l'Iran s'est engouffré dans la brèche et s'est affirmé comme le leader de la cause palestinienne, au point que les dirigeants iraniens peuvent se targuer de sortir renforcés après l'offensive israélienne.
lundi 9 mars 2009
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