dimanche 1 mars 2009

Décryptage de la relation russo-iranienne













Les Etats-Unis et l'Europe aimeraient que la Russie soit plus coopérative sur l'Iran. Ils aimeraient que Moscou abonde plus dans leur sens et que les Russes s'allient dans leur opposition aux politiques de la République islamique. Ruslan Pukhov, Centre for Analysis of Strategies and Technologies, décrit précisément le comportement russe sur la question iranienne et dans une tribune au Moscow Times justifie les ventes d'armes à l'Iran.

Moscou pourrait en effet vendre des très controversés missiles sol-air S-300 à Téhéran. Aux dernières nouvelles, les négociations de vente sont gelées jusqu'à la prochaine rencontre entre le Président russe Dmitry Medvedev et son homologue américain Barack Obama. Israël redoute tout particulièrement ces missiles, parce que leur force de frappe rend quasiment nulle toute chance de raid aérien sur le sol iranien.

Pour Pukhov, il n'y a aucune raison de contrer cette vente. Tout d'abord, parce que la Russie chercherait plus à utiliser une potentielle relation avec l'Iran comme une force de négociation avec les Etats-Unis et l'Europe qu'à établir des liens soudés. Les Iraniens ne seraient pas dupes et se souviennent qu'en 1995, Moscou a signé l'accord Gore-Chernomyrdin qui entre autres limitait les ventes d'armement à Téhéran. Pukhov oublierait-il que dès 1997, des premiers rapports de presse faisaient état de négociations entre l'Iran et la Russie sur de l'armement ? De plus, n'écrit-il pas en fin que la relation russo-iranienne est marquée par de nombreux intérêts communs : opposition aux avancées des Etats-Unis et de l'OTAN dans le Caucase, en Asie Centrale et au Moyen Orient et lutte contre le radicalisme sunnite ?

Il ajoute qu'il ne comprend pas la raison pour laquelle on veut lier la vente de S-300 au programme nucléaire, alors que les deux constituent des dossiers bien différents ? Pas faux, la vente de S-300 au Kazakhstan par exemple n'a pas l'air de soulever autant de boucliers. Pour Pukhov, l'Occident est trop bornée dans sa vision. "Même si l'Iran a l'intention de développer des armes nucléaires dans le futur, elles seraient utilisées pour sa propre défense, pas pour détruire Israël", écrit-il. Certes, mais que faire de la course à l'armement que cela créerait invariablement au Moyen Orient ?

Donc, pas d'opposition politique et en plus, le marché iranien est ouvert. Les ventes d'armes à l'Inde et à la Chine diminuent beaucoup, car la Chine a sa propre industrie et le marché indien est soumis à une rude concurrence. Le marché iranien représenterait entre 300 et 500 millions de dollars par an et pour le moment, Moscou a l'attention de Téhéran. Se priver de cet avantage pourrait diriger l'Iran dans les bras des Chinois. De plus, la Russie aurait tort de se priver d'exploiter la situation, car l'Iran développe son industrie d'armement et des coopérations fructueuses s'établissent entre des entreprises russes et iraniennes. Dans le dernier numéro de Moscow Defense Brief, la revue publie un tableau des ventes d'armes réalisées par la Russie à l'Iran depuis 2000.

En fin, Pukhov avance une raison très étrange pour justifier l'engagement russe avec l'Iran. "Si Moscou affaiblit ses liens technologiques et militaires avec Téhéran, cela pourait ouvrir la porte de la réconciliation entre l'Iran et les Etats-Unis, écrit-il. Cela pourrait conduire l'Iran à augmenter ses relations militaires et commerciales avec les Etats-Unis et l'Europe de l'ouest". No comment...Comme le titre le dernier numéro de Moscow Defense Brief, "Brother in arms?", avec une photo tout sourire de Vladimir Poutine et Mahmoud Ahmadinejad en couverture.

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