C'est ce qu'on appelle un buzz diplomatique. Les nouvelles ne cessent de s'accumuler en faveur d'un dialogue direct entre les Etats-Unis et l'Iran. La nouvelle ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice a affirmé que la nouvelle administration envisageait une "diplomatie directe" avec l'Iran. Cela ne constitue pas une remarque exceptionnelle, car c'est la position qu'Obama et Rice tenaient pendant la campagne présidentielle. Rice était alors le principal conseiller en politique étrangère du candidat démocrate. Néanmoins, le rappel de cet engagement est significative.
Autre buzz : la lettre à Khamenei. La rumeur se fait insistante. Il semblerait que l'administration Obama envisage d'envoyer une lettre au guide suprême iranien l'Ayatollah Ali Khamenei. L'objectif de cette missive serait de rompre le gel des relations diplomatiques entre les deux pays. Plusieurs brouillons auraient été rédigés. Apparemment, la lettre est en cours d'écriture depuis l'élection d'Obama début novembre en réponse à la lettre de félicitation de Mahmoud Ahmadinejad. Je veux bien être un peu crédule parfois, mais, je ne pense pas que la lettre du président iranien ait grand chose à voir dans toute cette histoire. Obama a toujours fait montre de sa volonté de renouer des contacts avec Téhéran. La lettre sera-t-elle vraiment envoyée ? A voir et surtout son contenu. Assiste-t-on à un changement majeur dans la politique américaine à l'égard de l'Iran ? Au fameux "grand bargain" prôné par les Leverett ?
Et le dernier buzz concerne les rencontres irano-américaines sponsorisées par Pugwash. Pugwash est une fondation de scientifiques qui travaillent sur la lutte contre la prolifération. Plusieurs rencontres ont été réalisées en 2008 avec des Américains et des Iraniens. Côté américain, Bill Perry, ancien secrétaire de la Défense sous Clinton, était présent. Il n'y avait personne de l'équipe Obama, mais des personnes présentes se sont entretenues avec la Maison Blanche par la suite.
J'en discutais avec une amie à Washington, bien introduite sur l'Iran. Elle me disait qu'il y a pas mal de choses à mettre en place avant de trop s'avancer. La première étant que plusieurs postes n'ont toujours pas été attribués, notamment l'assistant de la Secrétaire d'Etat pour le Proche Orient, ni celui ou celle qui travaillera spécifiquement sur l'Iran. Elle espère un "grand bargain", mais ne pense pas que cela se fasse immédiatement.
L'autre question est de savoir comment les Iraniens réagiraient à une ouverture américaine. Sur le blog du Moyen Orient du TIME, Scott MacLeod a écrit un post il y a quelques jours à ce sujet. Ahmadinejad a réitéré vertement que les politiques américaines étaient néfastes dans la région. Trois raisons à cela qui peuvent très bien correspondre à de possibles réticences de la part de l'Iran à renouer un dialogue avec Washington :
* Plusieurs dirigeants iraniens ne savent pas comment se comporter face à l'élection d'Obama. Une victoire de John McCain leur aurait facilité la tache.
* Ahmadinejad doit être dur si des négociations devaient s'ouvrir avec les Etats-Unis. Le principe étant de paraître intransigeant en entamant des négociations pour impressionner son interlocuteur de prime abord.
* Ahmadinejad se présente pour les élections présidentielles en juin. Les Iraniens les plus conservateurs verraient d'un très mauvais œil qu'Ahmadinejad soit conciliant avec Washington.
Les deux dernières raisons sont plus spécifiques au président iranien. La première peut vraiment s'appliquer à l'élite dirigeante. Une possible ambivalence peut naître de la position encore floue du leadership iranien.
Je rajouterai deux conditions avant que des progrès ne soient envisageables :
* Il faut attendre que l'administration Obama ait bien réparti les taches sur l'Iran. J'ai l'impression que tout le monde veut/va/pourrait traiter le dossier. Les angles d'approche ne sont pas toujours les mêmes, mais il faudra une personne pour coordonner l'effort global, ce qui n'est pour le moment pas vraiment le cas. Il semble que Susan Rice remplisse ce rôle. Pour le moment? de manière permanente? Donc pas d'émissaire spécial?
* Je doute que les Iraniens ne se lancent dans un changement d'attitude à l'égard des Etats-Unis avant les élections de juin prochain. Certes, le guide suprême demeure le point focal de la vie politique iranienne quant on en vient à la politique étrangère, mais les relations avec Washington peuvent avoir des répercussions en interne.
lundi 2 février 2009
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