Quelques réflexions choisies :
Michael Scheuer, ancien chef de la section Ben Laden à la CIA et désormais professeur à la Georgetown University :
L'Iran est une menace pour les Etats-Unis. Vraiment ? C'est une île de Chiites entourée par un monde sunnite massivement plus nombreux qui tuerait les hérétiques Chiites plutôt que de les regarder. Il fait face à une importance tendance à la baisse de son secteur de production d'énergie. Et il est maintenant entouré par des bases militaires américaines. En d'autres termes, il est plutôt - si vous le permettez - "endigué". Sur la question nucléaire, les Iraniens vont acquérir une arme nucléaire ; si nous voulions vraiment arrêter ce désormais inévitable développement, nous aurions dû exiger de nos alliés européens d'arrêter à Téhéran des technologies liées au développement nucléaire dans les années 1990. Et, entre parenthèses, si j'étais un leader iranien en train de regarder les élections israéliennes avec Netanyahu et sa joyeuse bande de belliqueux, j'accélèrerais l'acquisition et le développement de mes activités.
Kori Schake est enseignante à West Point et chercheur à la Hoover Institution :
Au bout du compte - cela peut arriver au plus tôt cet été - l'Iran va acquérir suffisamment de matériaux nucléaires pour construire des armes. Ce serait formidable si nous avions une plus large palette de choix, mais je n'en vois pas d'autre. Le lancement de leur satellite et les tests de missiles balistiques suggèrent qu'ils ne vont pas franchir le pas de manière opaque. Il y a de fortes chances qu'ils organisent un test pour attester de leur réussite. Ni des pourparlers ni des sanctions intelligentes n'enlèvent la réalité déplaisante sur le fait que le Président Obama va devoir choisir entre endommager le programme nucléaire iranien ou accepter que ce gouvernement iranien franchisse le pas du nucléaire avec tous les dangers et les complications politiques que cela implique.
Daniel Byman est professeur à la Georgetown University et chercheur au Saban Center du Brookings :
Si nous parlons à l'Iran, et si les négociations progressent, nous devons attendre beaucoup de chaos et de confusion du côté iranien. Les dirigeants iraniens sont enclins à revenir sur les accords pour renforcer une rhétorique hostile ou au contraire de rendre les négociations difficiles et exaspérantes. En plus, l'Iran voit souvent l'intensification comme un complément à la négociation - en faisant plus pression sur les Etats-Unis, certains Iraniens pensent que Téhéran peut obtenir un meilleur deal. Donc, même si les pourparlers continuent, l'Iran devrait poursuivre ses politiques de confrontation dans la région, c'est le moins que l'on puisse attendre. Tout ceci ne doit pas empêcher l'Amérique à aller de l'avant, mais nous devons le faire les yeux ouverts.
Paul Pillar, ancien analyste à la CIA et professeur à la Georgetown University :
Si l'Iran devait acquérir des armes nucléaires, les principes de dissuasion ne seraient pas abrogés. Ils n'ont pas été abrogés lorsque d'autres régimes tout aussi révolutionnaires, anti-américains, prêt à accepter les risques, et/ou capricieux que la République islamique d'Iran ont acquis de telles armes. (...) Si nous le devons, alors oui, nous pouvons vivire avec un Iran armé d'armes nucléaires (...). Ceux qui disent que la seule chose pire qu'un conflit militaire avec l'Iran serait un Iran armé nucléairement ne font que brandir des slogans, manquant d'évaluer les conséquences d'une attaque militaire sur l'Iran ou l'avènement d'une bombe iranienne. Une attaque militaire serait une folie en termes de moyens que l'Iran possède pour attaquer en retour, des conséquences pour d'autres intérêts américains dans la région et d'incapacité d'une telle attaque à avorter un programme d'armement nucléaire iranien.
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