Michael Oren, auteur de la bible de la politique américaine au Moyen-Orient, et son collègue Klein Halevi, offre un point de vue fort intéressant dans le Wall Street Journal. Au coeur de leur argument, plusieurs points :
- Les Israéliens ont changé de point de vue sur un Etat palestinien : d'abord réticent, ils ont aujourd'hui admis sa nécessité, mais cela peut encore se renverser.
- L'essentiel dans l'opération actuelle est qu'Israël récupère sa force de dissuasion et maintienne le principe que ses citoyens ne peuvent pas être ciblés impunément. Sans cette assurance, il est vain de penser que les Israéliens demeurent enclins à accepter une solution à deux Etats.
En effet, les auteurs expliquent que chaque fois qu'Israël s'est retiré d'un territoire, sa présence a été supplantée par un groupe terroriste qui a menacé son territoire : le Hezbollah au sud-Liban, le Hamas à Gaza. Chaque fois qu'Israël est parti en guerre pour la paix, c'est un tollé international qui s'est abattu sur le pays et l'émergence d'extrème. Oren et Halevi jugent que l'opération de paix pour la Galilée de 1982 a pavé le terrain pour le retour de Yasser Arafat en Cisjordanie et l'émergence du Hezbollah comme force de premier plan au Liban.
Ils estiment que les accusations récurrentes de la communauté internationale à l'encontre de l'Etat hébreu poussent Israël à être réticents à prendre des mesures coercitives quand elle est attaquée. Alors que le Hezbollah tirait des roquettes depuis 2000, Israël ne voulait pas répondre par peur des représailles internationales. En 2006, lors de l'offensive israélienne, elle s'est fait critiquée.
Donc, la question a de nouveau émergé à l'aune de l'opération "Plomb Durci" pour savoir si la communauté internationale allait approuver. Les dirigeants israéliens ont préparé le terrain, Tzipi Livni au Caire, Ehud Olmert sur Al Arabiya.
Oren et Halevi argumentent qu'Israël a besoin de mettre fin au Hamas pour pouvoir recommencer à vraiment croire en une solution à deux Etats. L'offensive israélienne risque de continuer, mais l'Etat hébreu doit éviter d'appeler son opération "Paix pour le sud-Israël". "Mais sans la défaite du Hamas", concluent les auteurs, "il ne peut pas y avoir de progrès sérieux sur un traité qui satisfasse à la fois les aspirations Palestiniennes et apaise les peurs israéliennes. En jeu à Gaza, il n'y a rien de moins que l'avenir du processus de paix".