mercredi 3 septembre 2008

L'aide américaine à l'Egypte en voie de changements majeurs

La question de l'aide américaine à l'Egypte est souvent un point de discorde entre le Congrès américain et la Maison Blanche, mais elle n'est jamais véritablement remise en cause. Tous les ans, le gouvernement fournit 1,3 milliard de dollars d'aide militaire et 815 millions de subventions économiques. Après Israël, les Etats-Unis ne font pas mieux. Le Caire bénéficie de ce large appui financier depuis les accords de Camp David en 1979.

Scott Carpenter est chercheur et directeur du project Fikra ("idée" en arabe) au think tank Washington Institute for Near East Policy. C'est un très grand supporter de la démocratie ; il a notamment participé aux efforts de promotion de la démocratie au Moyen Orient lorsqu'il travaillait au Département d'Etat jusqu'en 2007.

Il explique, sur le site du think tank, que les relations entre les Etats-Unis et l'Egypte deviennent de plus en plus tendues, comme le montre la réprobation américaine après la décision de justice égyptienne de condamner (injustement) Saad Eddin Ibrahim (cf. précédent post). Selon lui, le prochain président continuera d'avoir des relations difficiles avec Le Caire à cause des droits de l'homme, mais elles seront "moins influencées par l'aide économique que jamais. Par conséquent, le Congrès et la prochaine administration sera peut-être tentée de mettre des conditions à l'aide militaire comme un moyen de pousser l'Egypte à plus de coopération."

A la fin du premier mandat de George Bush, les Américains ont pressé Le Caire à annoncer des réformes. Finalement, Hosni Moubarak nommera un nouveau gouvernement dirigé par le réformateur et économiste Ahmed Nazif. Cela s'est traduit par un mémo d'entente (le fameux MOU de 2004) qui plannifiait la réforme du secteur financier. Dans l'ensemble, l'économie égyptienne a subi des réformes majeures - même si l'argent gagné n'est que trop marginalement redistribué.

Carpenter explique que les subventions financières pour l'aide au développement diminuent toutefois, en accord avec la décision de 1998 de faire passer l'aide de 815 millions à 415 millions de dollars d'ici à 2008. Cela ne satisfait pas les Egyptiens, mais le soutien américain ne représente aujourd'hui plus que 0,25% des fonds égyptiens. L'aide demeure cruciale, car elle est "symbolique, à jamais liée aux accord de paix de Camp David" pour Le Caire.

Jusqu'à présent, le gouvernement égyptien a trouvé des alliés au sein du Département d'Etat pour faire face aux campagnes annuelles de certains parlementaires d'insérer des conditions à l'aide. Chose faite toutefois pour l'aide économique depuis l'an dernier, mais jamais encore le soutien militaire n'a été conditionné. Carpenter pense que les critiques à l'égard du respect des droits de l'homme en Egypte vont s'accroître au Congrès américain et vont profondément affecter le statut de l'aide.

Il explique également que Moubarak est responsable, car "il donne des munitions" en continuant d'emprisonner des activistes pro-démocratie et opposés à son régime. Pour Carpenter, la Maison Blanche aura énormément de mal à justifier son soutien économique et se battra à reculons pour maintenir l'aide militaire pour soutenir "'son partenaire stratégique'". Pour inverser la tendance, il faudrait que le leadership égyptien définisse "une vision claire de l'avenir du pays - que les Américains peuvent comprendre et soutenir", mais il est obligé de concéder que "cela n'est pas à l'horizon".

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