vendredi 12 septembre 2008

Extraits de la conf de Marc Lynch sur l'Egypte

Marc Lynch, professeur à George Washington University, a donné une conférence sur la situation en Egypte à l'occasion d'une rencontre organisée par Project On Middle East Democracy. En voici quelques extraits :

Devons-nous abandonner nos espoirs pour une démocratie arabe et s'accommoder des réalités avec nos dictateurs alliés et du confort de relations stratégiques utiles ? Je ne pense pas et je ne l'espère pas. Les Etats-Unis doivent continuer à soutenir les réformes démocratiques, dans le monde arabe et au-delà. Je me positionnerais en faveur d'une approche plus réaliste que celle évangéliste de l'administration Bush, que de formules radicales avec peu de suite, mais une qui fait de sérieuses demandes à nos amis, alliés et destinataires d'aide. Le point focal ne doit pas être principalement les élections, mais "les libertés du Bill of Rights" : nos amis doivent respecter la liberté d'expression, d'assemblée et de presse ; des élections libres et justes ; une indépendance judiciaire et l'état de droit ; les droits de l'homme. Hosni Moubarak n'autorisera jamais à ce que soit voté son départ du pouvoir. Mais, nous pouvons et nous devons exiger de nos amis qu'ils s'élèvent à des standards minimums et à des normes. C'est, je crois, dans leur intérêt autant que dans le nôtre et nous ne faisons aucune faveur au gouvernement égyptien en détournant l'œil de leurs politiques auto-destructrices.

Sur la situation même en Egypte :

Avec un fossé grandissant entre les riches et les pauvres, des infrastructures qui s'effondrent, une incompétence des institutions gouvernementales toujours plus apparentes, les prix de la nourriture et de l'essence en forte hausse et le champ politique réduit à sa plus simple expression, où peuvent aller les Égyptiens ? En 2007-2008, avec le mouvement Kefaya qui s'écroule, les Frères Musulmans sur la corde raide et la plupart des mouvements politiques égyptiens démoralisés, plusieurs émeutes se sont déclenchées à Mahalla et dans d'autres centres urbains. Ce type de réponse anomique et désorganisée semble être l'avenir recherché par la stratégie politique du régime égyptien.

Les mesures de répression prises par un régime égyptien divisé sur la succession présidentielle, douloureusement conscient de son impopularité et menacé par une myriade de défis ne sont pas difficiles à comprendre. Le gouvernement égyptien est lui-même divisé - ce qui est un des seuls signes encourageants à l'horizon, puisque les factions au sein du PND qui ne l'emporteront pas dans la lutte à venir pour le leadership pourraient alors soudainement découvrir les vertus de la démocratie pluraliste. Mais pour le moment, ce ne sont que de lointains espoirs.


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