Et pendant ce temps-là, les échanges économiques se poursuivent...

Une longue enquête d'Associated Press révèle que les Etats-Unis ont très largement continué l'exportation de certains produits en Iran depuis l'arrivée au pouvoir de George Bush en 2001. Selon les conclusions d'AP tirées après l'analyse de sept ans de base de données, les exportations américaines vers la République islamique ont augmenté de dix fois - ajustées à l'inflation -, passant de 8,3 millions de dollars en 2001 à 146 millions en 2008. Parmi les produits en question, nous trouvons notamment les cigarettes, des soutien-gorges et des produits de maquillage.

Aux yeux des journalistes, ces échanges commerciaux sont d'autant plus étonnants qu'ils se sont maintenus alors même que les Etats-Unis ont officiellement rompu toute relation diplomatique en 1979 avec Téhéran et que le président Bush se montre très virulent à l'égard de l'Iran. Cette dernière fait partie de "l'Axe du Mal" explicité par le président américain en 2002. Toutefois, les différentes sanctions imposées contre la République chiite ne stoppent pas complètement les opportunités commerciales d'entreprises américaines. "Nos sanctions sont ciblées à l'encontre du régime, pas de son peuple", affirme Adam Szubin, qui gère le programme de sanctions au Département du Trésor américain.

Si les produits énumérés peuvent ne poser aucun affront à la politique américaine, l'enquête d'AP révèle que des exportations de matériels militaires, d'une valeur d'au moins 148,000 dollars, ont été effectués à destination de l'Iran selon des documents officiels américains. Szubin a concédé que des erreurs humaines sur les bons d'envoi étaient peut-être à l'origine de ces exportations - un agent aurait écrit "Iran" au lieu d'écrire "Irak" par exemple - et que le gouvernement allait enquêter à ce sujet.

Le long article d'Associated Press a le mérite de mettre à jour un pan du commerce extérieur américain très peu connu, mais qui ne représente qu'une portion micro-marginale dans les exportations totales des Etats-Unis. Surtout, cette enquête rappelle que les relations diplomatiques peuvent parfois affecter les relations économiques, mais qu'à moins qu'il y ait des restrictions majeures d'un gouvernement - dans le cas d'un blocus par exemple -, les exportations se poursuivent malgré les tensions entre les deux pays.