L'Egypte ou l'inconnue déterrée

Comment expliquer mon absence ? Des dizaines de milliers de tweets, des milliers d'articles sur mon flux RSS, un travail prenant en cours et des événements divers et variés. Ce qui se passe en Egypte génère une telle effluve d'informations qu'il est simplement impossible de tout suivre, surtout quand on ne travaille pas dessus et qu'on ne peut pas faire que cela. Je vais essayer de m'y remettre sérieusement. J'ai probablement raté des événements, mais je préfère repartir presque de zéro plutôt que d'essayer de tout lire - souvent la même chose -, de tout comprendre - penser que l'on peut le faire est une hérésie -, de tout couvrir - le meilleur moyen de ne rien couvrir.

Bref, mes excuses pour cette étrange absence, alors que quelque chose se passe en Egypte et ailleurs. Je dis quelque chose, car je n'arrive pas encore à le définir. Révolution, printemps arabe, révoltes, changement de régime etc. Peut-être, peut-être pas.

Quelques commentaires toutefois.

Alors que l'Egypte me paraissait un pays qui était bien couvert, que les relations entre Washington et le Caire étaient évidentes, que la politique d'Hosni Moubarak était connue, j'ai l'impression qu'on découvre l'Egypte, son système politique, le rôle de l'armée, l'opposition, les Frères musulmans, les subsides américaines, l'autoritarisme affiché de Moubarak et rarement contesté etc. Bref, l'Egypte ou l'inconnu déterrée. On analyse sa position géostratégique, son poids régional, son influence sur le processus de paix. L'overdose d'informations - parfois pertinentes, souvent redondantes - est un produit de cette incohérence.

Le plus difficile finalement est de discerner ce qui est intéressant, de ce qui ne l'est pas. D'habitude, on peut s'y fier par les auteurs, voire les publications. Malheureusement, sur l'Egypte en ce moment, c'est difficile. Les auteurs sont souvent les mêmes et s'étirent au maximum pour essayer d'être le plus présent possible que ce soit sur les blogs (The Arabist n'a jamais été aussi actif par exemple) ou que ce soit dans les médias classiques. Cela crée une répétition, un manque d'analyses, de prise de recul. A quoi il faut rajouter la masse d'opinions qui semblent plus être dirigées par l'émotion que par l'analyse. Enfin, un événement aussi médiatique attire évidemment des gens qui connaissent mal le pays, mais cela ne les empêche pas de publier sur une situation si complexe. Justement, parce que je ne prétends pas avoir réponse à toutes les questions que je me pose et qui se posent et que les événements avançaient trop vite et qu'une analyse pouvait le lendemain devenir sans intérêt, j'ai eu du mal à publier sur ce blog. Je ne publierai donc probablement pas autant que certains, mais j'essaierai d'être aussi substantiel que possible.