mardi 25 janvier 2011

Premières réactions sur les événements au Liban et en Egypte

Photo prise place Tahrir par Lauren Bohn (http://twitpic.com/photos/LaurenBohn)

J'ai passé une bonne partie de la journée à suivre les manifestations en Egypte via Twitter. Entre le flot continu de tweets sur les événements au Caire, les informations sur le Liban faisaient également surface.

A chaud, quelques analyses qui mériteront d'être un peu plus approfondies dans les jours qui viennent.

Sur l'Egypte, tout d'abord, ce qui se passe me semble inouï. En 2008, lors des "émeutes de la faim", le buzz médiatique faisait croire que l'Egypte était au bord de la rébellion nationale, mais en fait, le régime avait totalement endiguer les mouvements, à quelques exceptions près. Aujourd'hui, il semble que les manifestations au Caire aient été massives malgré un important déploiement de forces de sécurité. Il faut bien comprendre qu'en 2008, le square al-Tahrir, très central et visible, était vide, alors qu'aujourd'hui, il semblerait qu'il soit rempli de milliers de manifestants. C'est significatif. Certes, le Caire avait déjà connu des manifestations massives en 2003 contre la guerre en Iraq. Les conditions sont radicalement différentes. L'Egypte était officiellement opposée à cette intervention et avait tout intérêt à laisser sa population protester. Aujourd'hui, les Egyptiens manifestent pour le changement dans leur pays, ce qu'un régime autoritaire comme l'Egypte ne peut laisser faire. Malgré les interventions et les arrestations, les manifestations se poursuivent encore à l'heure où j'écris.


Savoir si cela suffira pour renverser le régime est difficile à prévoir. Il est très peu probable que la police et l'armée s'allient avec les manifestants. Par ailleurs, il faudra voir comment l'après 25 janvier se déroule. Ne serait-ce que demain, y aura-t-il encore des manifestations ? Seront-elles aussi massives ? Le régime de Moubarak est très solide et peut compter sur des forces de l'ordre loyales qui n'hésiteront pas à recourir à la force pour enrayer les révoltes.

Photo prise par Mahmoud el-Nahas (http://twitpic.com/photos/M_Na7as)


En outre, quel rôle vont jouer les Frères musulmans si ce mouvement perdure ? Dans toute la foule aujourd'hui, on voyait une masse unifiée. Comment vont-ils se positionner ? L'opposition en Egypte est très divisée et totalement incapable de former une alternative. Certains leaders, comme Ayman Nour, sortent du lot, mais peuvent-ils devenir les leaders de ces révoltes ?

à Beyrouth (via L'Orient-le Jour)

Sur le Liban, le candidat soutenu par la coalition du 8 mars l'a emporté. Contrairement aux rumeurs, c'est Nagib Mikati qui a été présenté comme candidat. Il l'a emporté par 68 voix contre 60 lors des consultations parlementaires. Walid Jumblatt et sa coalition ont tous soutenu Mikati. Qu'ont décidé de faire les partisans de Saad al-Hariri ? Lancer une "journée de la rage". L'Orient-le Jour a une saisissante galerie-photos. Dans le même temps, le Hezbollah lance des appels à l'unité en affirmant qu'ils ne veulent pas prendre le pouvoir, que Mikati est un homme du centre - mais il est déjà et restera étiqueté "à la botte du Hezbollah" malgré lui.

Une double belle hypocrisie. Le Hezbollah a été le premier, avec ses alliés d'Amal, à ne pas jouer l'unité lorsque la coalition du 14 mars était au pouvoir. Dans le même temps, la coalition du 14 mars a été la première à critiquer le Hezbollah lorsqu'il s'est emparé des rues de la capitale en 2008. Toutefois, il faut noter que cette manifestation est avant tout une réaction des Sunnites et non de la désormais ancienne majorité et surtout il n'y a pas eu 80 morts comme en 2008.

Mikati doit désormais former un gouvernement. Cette entreprise sera longue et périlleuse. La coalition du 14 mars ne sera pas un partenaire facile et la pression internationale sera forte. Et surtout, les résultats du TSL n'ont pas encore été dévoilés. Peu importe ce que le Hezbollah avait fait comme calcul politique, il est quasi impossible qu'un scénario idéal où le gouvernement libanais se détache du TSL se produise et l'on devrait voir les mêmes tensions ressurgir... enfin si le Hezbollah veut vraiment un gouvernement d'unité nationale.

Encore une fois, ces réactions sont à chaud. Je reviendrai dessus plus tard.

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