jeudi 5 août 2010

La culture de la loyauté : un fléau politique en Iraq

Sur le blog de Juan Cole Informed Comment, Sajad Jiyad offre une analyse très intéressante sur la situation politique en Iraq. Il adopte la position que le pays souffre de ce qu'il appelle "al-sanamiyyah", que l'on peut comprendre comme le culte de la personnalité. En d'autres termes, celui qui est au pouvoir, le Premier ministre en l'occurrence, profite un maximum de la culture obséquieuse du peuple iraqien. Cet aspect est particulièrement marqué avec Nouri al-Maliki.

En effet, Jiyad remarque que Maliki a profité de sa position pour s'entourer d'un entourage très loyal au sein de son parti, ce qui permet de mieux comprendre pourquoi une alliance entre les Sadristes et le parti Da'wa de Maliki sans ce dernier est vouée à l'échec, alors même que le pays ne cesse de s'enfoncer dans une interminable torpeur politique. Toutefois, Jiyad prévient que le statut de l'actuel Premier ministre risque de s'affaiblir. Selon lui, il est difficile de jouer un rôle prépondérant sur la scène politique iraqienne lorsque l'on est dans l'opposition et cela s'applique tout particulièrement aux partis qui ne bénéficient pas d'une base électorale fidèle. C'est le cas du parti Da'wa et indirectement de Maliki.
A regarder les résultats et la carte des dernières élections, c'est le constat que tire Jiyad. Il estime que la majorité des votes obtenus par le Premier ministre sont dus à son poste et non pas à sa personnalité. Sans sa position, il ne pourrait pas prétendre à un tel soutien, d'où sa volonté de rester en place.

Les Sadristes mettent donc le parti Da'wa devant le mur. Soit il accepte de conserver le poste de Premier ministre sans Maliki, ce qui ancrera l'idée que Moqtada al-Sadr peut faire la pluie et le beau temps en Iraq s'il joue intelligemment ; soit il maintient Maliki au pouvoir pendant qu'une autre coalition décide d'un gouvernement où Da'wa pourra se greffer mais sans le poste le plus prestigieux et influent du pays.

L'Iraq n'est nullement une exception. Il semble que de nos jours - mais à mon avis on peut remonter dans l'histoire -, la grande majorité des pays qui expérimentent un degré de démocratie pour la première fois se retrouvent dans cette même situation où le chef de l'Etat ne veut sous aucun prétexte - pas même le résultat d'élections - laisser son pouvoir lui glisser entre les mains, car il sait que l'opposition ne lui offrira ni le même prestige ni le même pouvoir ni la même stature nationale et internationale.

Aucun commentaire:

 

blogger templates | Make Money Online