samedi 23 janvier 2010

Vers une politique de changement de régime sur l'Iran?

Richard Haass, président du Council on Foreign Relations, vient de titrer ce qui risque d'être une tribune à scandale: "Enough is Enough". Selon lui, les Etats-Unis doivent arrêter de tourner autour du pot sur l'Iran et doivent se lancer dans une politique active mais non-violente de changement de régime en Iran.

Se revendiquant réaliste, il se positionne pour autant en faveur de cette politique. Brièvement, le réalisme en théorie des relations internationales est peu attiré par le changement de régime, parce que l'idée centrale de cette école de pensée est que le meilleur de survivre dans un monde où l'entraide n'existe pas est de se protéger soi-même sans nécessairement se préoccuper de ce qu'il se passe à l'intérieur des frontières d'un autre pays. Il faut lire Kenneth Waltz à ce sujet. Haass adopte, ici, une position plus proche des libéraux, ce que lui, appelle étrangement les néoconservateurs. Certes, les néoconservateurs sont prompts à favoriser le renversement de régimes étrangers, mais ce ne sont pas les seuls et Haass ne mentionne jamais les libéraux. Michael Doyle, un des piliers du libéralisme politique contemporain, considère que les démocraties libérales ont du mal à interagir avec des pays non-démocratiques et seront enclines à privilégier un renversement de régime.

Toujours est-il que Haass justifie son point de vue de la sorte :

Les discussions sur le nucléaires ne mènent nulle part. Les Iraniens semblent déterminer à développer les moyens de produire une arme nucléaire ; il n'y a pas d'autre explication à la centrale d'enrichissement d'uranium secrète découverte près de la ville sainte de Qom. Heureusement, leur programme nucléaire semble être confronté à quelques problèmes techniques, ce qui retarde la nécessité de prendre une décision sur le déclenchement d'un bombardement préventif. A la place, nous devrions nous focaliser sur un autre fait : l'Iran pourrait bien être proche d'un profond changement politique comme ce n'est jamais arrivé depuis la révolution qui a renversé le Shah il y a 30 ans.

Son idée est de soutenir et encourager les opposants, de sanctionner l'Iran diplomatiquement et économiquement et si possible de le faire à l'ONU plutôt que de manière unilatérale, de ne surtout pas négocier avec Téhéran et de critiquer ouvertement les politiques de répression du régime. Plutôt que de me lancer dans un débat à savoir si ses positions sont bonnes ou pas, je vais juste rapporter quelques conclusions qu'un ami avait tirées pour un article universitaire qu'il a écrit sur l'imposition d'un changement de régime par un pays étranger. Quatre points expliquent pourquoi un tel phénomène existe :

* Le type du régime visé est une source de menace pour la politique mondiale
* Autant les pays démocratiques que non-démocratiques se préoccupent du type de régime de leurs Etats rivaux
* Les Etats poursuivent des politiques de renversement de régime pour renforcer leur sécurité dans des périodes d'insécurité internationale
* La séparation des pouvoirs naturelle au niveau international ne dissuade pas les Etats de manière adéquate à poursuivre ce type de politique étrangère.

Toutefois, il avait relevé dans son étude qu'une politique de renversement de régime indique que l'Etat qui la mène est prêt à considérer toutes les options, diplomatiques et militaires. Dans l'état actuel, les Etats-Unis, et d'autres pays comme la France, seraient-ils prêts à aller aussi loin ?

2 commentaires:

Nefermaât a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Nefermaât a dit…

Intéressant comme toujours !!! :)

J'en profite pour te filer l'adresse de mon blog, j'ai posté récemment quelques articles sur le Yémen, et j'en ai d'autres dans le tiroir...
http://echos-moyenorient.blog.lemonde.fr/

@bientôt !! :)

 

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