Saeb Erekat était en conférence ce matin à l'Ifri. Il n'y a pas eu de déclaration fracassante, mais le négociateur en chef de la délégation palestinienne a montré du doigt plusieurs responsables de l'inertie du processus de paix.
Israël tout d'abord. L'Etat hébreu n'en fait pas suffisamment. Pour Erekat, les conditions pour négocier, comme le gel des colonies, ne sont pas des conditions, mais des obligations. "Le gouvernement israélien doit être tenu responsable de ses actions." L'annonce hier de la construction de nouvelles implantations en Cisjordanie lui ont montré que Benjamin Netanyahu a choisi son camp.
Le Quartet ensuite. Il a une responsabilité dans ce processus, il a des moyens de pression et il n'en a pas fait usage. "Ce n'est pas dans l'intérêt des Etats-Unis et des Européens d'agir comme si Israël était au-dessus des lois", dira-t-il plus tard. C'est à "vous", parties extérieures qui jouent un rôle dans le processus, de choisir entre l'extrémisme et la modération dans le monde. En choisissant la voie de la paix à deux Etats, ce serait un pas en avant pour un monde marqué par la modération.
Le Hamas enfin. "Le coup d'Etat perpétré à Gaza était une erreur stratégique majeure", a-t-il affirmé. La réconciliation intra-palestinienne est un dossier de politique intérieure, a-t-il répété à plusieurs reprises. A l'heure actuelle, le Hamas refuse un gouvernement d'unité et refuse des élections, mais, selon Erekat, l'Autorité palestinienne travaille pour arranger la situation.
Où se trouve d'ailleurs l'Autorité palestinienne sur cet échiquier ? Saeb Erekat s'est positionné en faveur d'une solution à deux Etats dans les frontières de 1967, car c'est "la seule option réaliste". L'AP joue la politique de la main tendue, mais Israël ne rentre pas dans le jeu, explique Erekat.
J'ai été quelque peu étonné par une de ses présentations. Il a présenté les options vues par les Palestiniens et ensuite a présenté celles perçues par Israël. Au lieu d'être fin et de montrer les divergences en Israël, il a été inutilement caricatural en ne parlant que des plus extrémistes ultra-minoritaires qui ne veulent qu'un Etat, où il n'y aurait même pas de Musulmans. Certes, dans la session de questions-réponses, il a évoqué les 70% d'Israéliens qui étaient en faveur d'une solution à deux Etats, mais pourquoi ne l'avoir mentionné que si tard ? Pour jouer l'avocat du diable, on peut trouver une minorité palestinienne qui ne veut pas de la présence juive non plus. Cela fait-il avancer le dialogue ? Pas vraiment.
Pour autant, j'ai trouvé Erekat motivé et déterminé, même s'il se présente comme une victime qui ne peut rien faire et qui est vierge de toute responsabilité dans le manque de progrès. Si c'était aussi manichéen...
vendredi 4 septembre 2009
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