jeudi 5 février 2009

L'OTAN et l'Iran (et les US) : intérêts communs en Afghanistan

La démarche peut paraitre anodine, mais les implications peuvent se révéler déterminantes. Le Général Craddock, SACEUR à l'OTAN, a affirmé que les membres de l'OTAN pouvaient utiliser les routes iraniennes pour le ravitaillement. "Ces décisions seraient prises au niveau national. Les nations doivent agir d'une manière correspondant à leur intérêt national et à leur capacité à ravitailler leurs forces", a-t-il affirmé. Donc pas de prise de décision pour l'organisation de Bruxelles.

En soi, cela peut sembler assez quelconque, mais jusqu'à présent, les routes se concentraient principalement au Pakistan à 75% pour les fournitures non-militaires et le reste dans les pays d'Asie Centrale. Jusqu'à présent, les relations entre l'OTAN et l'Iran étaient hésitantes. Le trajet Pakistan-Afghanistan étant devenu tellement dangereux que les Alliés envisagent toutes les possibilités.

Mais, l'aspect le plus important est que les commentaires du Général Craddock ont l'air de s'inscrire dans une démarche plus globale. Le Secrétaire général Jaap de Hoop Schaeffer a appelé, fin janvier, l'Iran à plus coopérer dans la lutte contre les Taliban.

Il sera intéressant de voir comment cela peut affecter les relations pour le moment inexistantes entre l'Iran et les Etats-Unis. Aussi bien l'OTAN que les Etats-Unis savent qu'ils ont des intérêts communs avec Téhéran, que ce soit au niveau du trafic de drogue, que de l'extrémisme des Taliban que l'Iran ne considère pas comme de grands amis. Michael Rubin, sur le blog de National Review Online reprend une revue de presse iranienne qui cite trois articles de Hasht-e Sobh. Le premier estime que les Etats-Unis essaient de reproduire le schéma irakien en approchant le voisin iranien. Si la situation venait à se durcir avec la Russie et le Pakistan, ce qui affecterait les routes de ravitaillement, une coopération avec l'Iran serait très avantageuse. In fine, cela pourrait générer une normalisation des relations Iran-Etats-Unis.

Le second est plus cynique, considérant que le geste de l'OTAN à l'égard de Téhéran est une nouvelle preuve de la volonté otanienne d'isoler le Pakistan. Le dernier reconnait l'intérêt d'une coopération avec l'Iran, mais pense qu'il est déjà trop tard.


Il sera intéressant de suivre ce que le Général Eikenberry dira à ce sujet. Actuellement haut responsable à l'OTAN, il devrait devenir ambassadeur américain à Kaboul. Essaiera-t-il d'influencer la politique américaine en faveur d'une relation avec l'Iran sur le sujet du ravitaillement ? Les fronts sont nombreux pour briser la glace entre Washington et Téhéran, les Taliban en Afghanistan en sont un.

Aucun commentaire:

 

blogger templates | Make Money Online