- Sur l'Arabie Saoudite, Dennis Blair explique que les efforts de contre-terrorisme menés par les autorités du Royaume ont fortement handicapé les mouvements fondamentalistes sur le territoire, mais Riyad doit maintenant faire face à des menaces venues de l'extérieur et notamment du Yémen. Les arrestations de nombreux militants d'Al Qa'ida laissent penser que des actions seront menées. De plus, l'Arabie Saoudite fait partie des cibles historiques du groupe, car le pouvoir en place est jugé comme indigne et doit être remplacé par un gouvernement islamiste. Il réitère la montée de la menace yéménite en décrivant le pays comme "une potentielle base régionale pour Al Qa'ida".
- Étonnamment, Blair évoque le Hezbollah comme un groupe capable de frapper les intérêts américains. C'est assez surprenant, car le groupe libanais n'a pas attaqué les Etats-Unis ou un autre pays occidental depuis les années 1980, mais il estime que si la survie du groupe en dépend, le Hezbollah pourrait s'en prendre aux Etats-Unis, notant toutefois que le groupe mesurerait précautionneusement la portée de tels actes.
- Sur l'Iran, le chef du DNI consacre pas mal de temps qu'il résume dans un paragraphe suffisamment clair :
Les buts de longue date de la politique étrangère iranienne sont de maintenir le régime islamique en place, de sauvegarder la souveraineté de l'Iran, de défendre ses ambitions nucléaires et d'étendre son influence dans la région et dans le monde islamique. Les dirigeants iraniens perçoivent les développements dans la région - le retrait de Saddam et des Taliban, les défis auxquels doivent faire face les Etats-Unis en Irak et en Afghanistan, l'influence croissante du Hamas et du Hezbollah, et, jusqu'à récemment, des revenus pétroliers élevés - comme autant d'opportunités et de liberté de poursuivre son objective de devenir une puissance régionale. Cette perception a généré une politique étrangère iranienne plus affirmée dans laquelle Téhéran s'est focalisé sur un accroissement de ses liens en Irak, en Afghanistan et dans le Levant pour mieux influencer et exploiter les développements régionaux en matière politique, économique et sécuritaire. La politique étrangère iranienne s'est égalent affirmée au travers de sa volonté d'acquérir la capacité de constuire des armes nucléaires.
- Sur l'Irak, il attribue une amélioration de la situation à plusieurs facteurs :
* Les opérations menées par les forces de coalition et les mesures de sécurité menées par la population (les Fils d'Irak notamment) ont permis une forte diminution de la violence. La coalition, en tant que "garant politiquement neutre de la sécurité", a facilité l'action de l'armée irakienne pour lutter contre les violences "ethnosectaires".
* Les mouvements insurrectionnels sunnites continuent de diminuer. Nombreux sont ceux qui se sont ralliés aux initiatives lancées par les Américains pour protéger eux-mêmes leurs quartiers.
* L'influence d'AQI ne cesse de décroitre.
* La menace de violence des groupes chiites se réduit également. La décision de déposer les armes de Moqtada al-Sadr début 2008 a été particulièrement significative, car Jaish al-Mahdi (l'armée du Mahdi) était très active.
* Les capacités de l'armée irakienne se sont dans le même temps accrues.
Trois menaces demeurent sur l'Irak:
* Des disputes sur les frontières : c'est particulièrement probant dans le nord, à Kirkuk par exemple, une des quatre provinces où les élections n'ont pas eu lieu, car la situation demeure trop tendue.
* La perception d'une oppression policière : si le prisme d'une violence "ethnosectaire" de la police s'installe au sein de la population, cela peut raviver des violences.
* Une augmentation de soutiens étrangers aux milices.
- Blair a détaillé une position très intéressante sur le programme nucléaire iranien. "Bien que nous ne sachions pas si l'Iran a actuellement l'intention de développer des armes nucléaires, nous estimons que Téhéran conserve au minimum l'option ouverte d'en développer." Position prudente quelque peu dans la lignée du NIE de 2007 auquel il fait d'ailleurs référence. Selon lui, le fait que l'Iran ait arrêté son programme militaire en 2003 fait suite aux pressions internationales et pourrait suggérer que Téhéran est plus sensible aux pressions que précédemment estimé. Il indique également que seule une décision politique peut arrêter le programme, "et une telle décision est bien évidemment réversible".
Il est insistant sur le fait que deux activités cruciales pour le développement d'armes nucléaires se poursuivent : l'enrichissement de l'uranium et des missiles balistiques.
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