jeudi 11 décembre 2008

L'Europe devrait parler au Hamas...

Yves Aubin de La Messuzière a publié une tribune dans Le Monde du 9 décembre pour expliquer les raisons qui font que l'Europe doit parler au Hamas. Ce diplomate avait fait parler de lui il y a quelques mois, quand la presse française révélait qu'il avait été envoyé en mission par Paris pour "prendre des contacts avec le Hamas". Revirement d'une position française qui s'était maintenue de tout dialogue avec le groupe depuis sa victoire électorale début 2006.

Dans sa tribune, de La Messuzière considère que "le mouvement est devenu la partie centrale du conflit avec Israël" et qu'il est incensé que l'Europe continue à l'éviter. Il fait référence à ses deux visites et conclut que le mouvement est prêt à faire des compromis. Il souligne que le Hamas ne fait plus référence à sa "charte d'inspiration islamiste radicale qui n'appelle ni à la destruction d'Israël ni à l'extermination des Juifs, mais contient des références antisémites sur le thème de la conspiration globale qui aurait permis la création de l'Etat hébreu". Question : comment le Hamas pouvait-il appeler à la destruction d'un pays qu'il ne reconnaissait (et ne reconnait toujours) pas ? Je me demande s'il a bien lu la charte. Le Hamas fait un peu plus que de petites allusions au Protocole des Sages de Sion. Il fait entre autres référence à un supposé épisode où le Prophète Muhammad prônerait l'assassinat des juifs. On peut également lire dans cette charte : "Le mouvement n'est qu'un escadron qui doit être soutenu par beaucoup d'autres escadrons venant de ce vaste monde arabe et islamique, jusqu'à ce que l'ennemi soit vaincu et la victoire d'Allah réalisée".

Mais, apprend-t-on dans cette tribune, le Hamas n'y fait plus référence. Qu'utilise-t-il maintenant ? La plate-forme électorale de 2006 (donc pas un document de politique générale) et son programme de politique générale édicté après sa victoire. Il serait judicieux qu'ils en ressortent un nouveau hors de tout contexte électoral. Là au moins, il mettrait les opposants à un dialogue dans une situation embarrassante.

Le diplomate français estime aussi que les conditions pour l'établissement d'un dialogue sont trop contraignantes. Pour rappel : renonciation à la violence, acceptation des accords passés avec l'OLP et reconnaissance de l'Etat d'Israël. Ce serait trop leur demander que d'exiger que le Hamas remplisse ces conditions. Selon lui, "c'est le dogme qui ferme toute perspective" sans préciser en quoi ces demandes sont exagérées.

A noter également que l'auteur se garde bien de parler de négociations, mais seulement de "dialogue" et de "contact". Peut-être que l'argument le plus convaincant de son article est sa phrase de conclusion : "Il serait tout de même paradoxal que l'Europe continue d'exclure tout contact avec un mouvement en totale opposition avec Al-Qaida au moment où elle envisage une ouverture en direction des talibans afghans."

 

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