mercredi 17 septembre 2008

« Passer d’un accroissement militaire à un accroissement diplomatique »

Pour LeCourant.info, j'ai fait une interview avec Bruce Jentleson, professeur de sciences politiques à l'Université de Duke, spécialiste de politique étrangère américaine et auteur notamment de American Foreign Policy : The Dynamics of Choice in the 21st Century, sur l'engagement américain en Irak à la suite du départ du général Petraeus et l'arrivée du général Odierno.

Le Courant : Pensez-vous que le surge a fonctionné ?

Bruce Jentleson : Je pense que cela a permis une amélioration de la situation par rapport à celle du début de l’année 2007, mais il n’a pas résolu les problèmes. Je pense qu’il faut passer d’un surge militaire à un surge diplomatique. La situation sur le terrain s’est améliorée, toutes les statistiques l’indiquent, mais ce n’est pas suffisant. Nous avons aujourd’hui besoin de diplomatie régionale, de diplomatie internationale et des initiatives à l’intérieur d’Irak pour qu’il y ait la moindre chance de stabilité.

LC : Aujourd’hui, quels sont les principaux défis en Irak ?

BJ : Les principaux défis aujourd’hui sont l’endiguement régional, c’est-à-dire limiter le conflit à l’Irak et éviter que le conflit ne s’étende à d’autres parties de la région et également limiter l’engagement d’autres pays en Irak ; c’est également la réconciliation et la stabilisation politique pour éviter d’incessants actes de violence entre les trois principaux groupes, les Chiites, les Sunnites et les Kurdes.

LC : Pensez-vous que le changement de commandement des armées en Irak -le départ du général Petraeus et l’arrivée du général Odierno- va affecter la situation ?

BJ : De petits changements. Tout le monde attend de voir ce que le résultat des élections [présidentielles américaines] sera. Il y a un changement de commandement au milieu du mois de septembre et dans deux mois, nous avons une élection et quelques mois après, un nouveau président. Si jamais il devait y avoir un changement dans la stratégie actuelle, ce ne serait pas dû à un changement de commandement, mais un changement émanant de l’administration Bush.

LC : Quels changements significatifs peut-on attendre d’une administration Obama ou d’une administration McCain ?

BJ : Avec McCain, ce sera assez similaire. Il croit que le surge résoudra tous les problèmes. Obama a dit quelque chose qui va plus ou moins dans le même sens de ce que j’ai dit précédemment. Il croit que la meilleure solution est de réduire notre présence militaire et d’accroître nos initiatives diplomatiques. Il n’a certes pas établi un calendrier de retrait précis, ce qui serait idiot étant donné que des événements peuvent se passer, il a établi une période de seize mois pour redéployer la plupart de nos troupes militaires et utiliser ce temps pour atteindre les objectifs en matière de diplomatie régionale et de stabilisation intérieure, tout en conservant une présence militaire et en prenant des initiatives diplomatiques. Les deux ont des approches vraiment différentes sur l’Irak.

 

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