Le think tank américain The Center for American Progress a publié un rapport sur l'Irak intitulé 'La Transition politique irakienne après le surge'. Il a été co-écrit par deux chercheurs du CAP Brian Katulis et Peter Juul et Marc Lynch, professeur à l'université de George Washington.
Cette analyse s'inscrit dans un débat sur l'impact du surge. Efficace ou non ? Ce à quoi les auteurs répondent avec beaucoup de prudence. Il a permis une réduction de la violence, mais il "a échoué dans son objectif principal : arriver à une consolidation durable du pouvoir parmi les différentes forces politiques irakiennes". Selon le rapport, le surge a eu l'effet inverse. Il a renforcé le gouvernement dominé par les Chiites.
Les auteurs énumèrent cinq points de tension en Irak :
* centralisateurs VS. décentralisateurs : ceux qui promeuvent un pouvoir central contre ceux qui soutiennent un renforcement de l'importance des provinces.
* ceux qui ont le pouvoir VS. les challengers : certains groupes, comme le Dawa, l'ISCI et les factions kurdes, ont profité de leur présence au gouvernement pour accumuler du pouvoir, alors que d'autres groupes, comme les Fils d'Irak et les Sadristes entre autres cherchent à en obtenir plus.
* Sunnites VS. Chiites : les tensions ont diminué, mais restent saillantes.
* Arabes VS. Kurdes : les tensions sont particulièrement palpables à Kirkouk.
* factions religieuses VS. factions laïques : opposition entre les groupes qui se concentrent sur la nature religieuse du régime irakien et ceux qui perçoivent la politique comme un moyen d'inclure des structures religieuses durables dans le pays.
Le rapport indique également dix défis que l'Irak doit désormais affronter et qui n'ont pas été résolus par le surge. Mais, attention, préviennent les auteurs, cela doit se faire selon les termes des Irakiens, sans que les Américains n'imposent de solution :
1. l'accord de sécurité américano-irakien
2. les élections et les pouvoirs provinciaux
3. les réfugiés et les déplacés en Irak
4. le démembrement et l'intégration des milices et d'autres groupes armés
5. une révision constitutionnelle
6. Kirkouk et d'autres territoires disputés et l'Article 140
7. mise en application de la réforme sur la "débaasificaion"
8. mise en application de l'amnistie
9. le pétrole et les lois de partage de ses revenus
10. la capacité de l'Etat, la gouvernance et l'anti-corruption
Pour les auteurs, les Etats-Unis n'ont pas à ingérer sur certaines des dossiers, qui n'ont pas d'impact sur la sécurité nationale américaine. "Les Etats-Unis doivent revoir leur approche en matière de sécurité nationale en s'écartant des tranchées des disputes intra-irakiennes sur le pouvoir et en se refocalisant sur les intérêts centraux de sa sécurité nationale."