jeudi 17 février 2011

Le "J" du Moyen Orient

Intéressante tribune que celle de Ian Bremmer, président du groupe Eurasia, dans le Financial Times. Selon lui, les troubles qui éclatent dans la zone Afrique du Nord et Moyen Orient (MENA) sont en adéquation avec ce qu'il appelle la "courbe J". Cette théorie veut qu'un pays fermé et stable finisse ouvert et stable et que cette transition prenne la forme du courbe en forme de J. Le chemin pour arriver d'un point à l'autre est semé de périodes difficiles. Plus le pouvoir lâche du lest, plus la stabilité du pays est mise à mal, voire où on arrive à des révoltes comme celles que l'on voit actuellement. Cette période est complexe, mais nécessaire pour arriver au bout de la courbe.

Bremmer présente cette évolution comme quasi inévitable, à moins d'un miracle économique comme la Chine. Ainsi explique-t-il que les régimes de la région MENA sont confrontés à deux options, toutes deux risquées. La première est de réprimer les revendications, comme ce que font actuellement le Yémen, l'Algérie, le Koweït et le Bahreïn (de manière brutale). L'objectif est alors de rester à gauche de la courbe - régime fermé mais stabilité. Une voie périlleuse comme Ben Ali peut l'attester.

L'autre voie est d'enclencher des réformes, comme semble le faire la Jordanie. Remplacer un Premier ministre ne coûte pas grand chose au roi Abdallah, mais il va devoir bien calculer ce que de réelles réformes peuvent lui coûter, en termes de pouvoir, et si c'est cette voie qui lui sera plus bénéfique.

Cette théorie est assez intéressante, bien que la tribune explicite peu ce que Bremmer entend par "stabilité" et "ouverture". En effet, aux deux extrémités du spectre se trouve la stabilité, mais peut-on mettre au même niveau la stabilité que les régimes de la région MENA pouvaient proclamer il y a quelques semaines encore avec la stabilité des pays d'Europe par exemple ? Par ailleurs, "ouverture" est un concept vague. Entend-il "démocratie libérale" ? N'y a-t-il qu'un type d'ouverture ? Et surtout, l'inévitabilité de sa théorie fondée sur le principe d'une globalisation tout aussi inévitable mérite d'être bien analysée. Il rentre en effet dans une ligne de pensée très répandue qui consiste à affirmer que la globalisation de l'économie et de la communication auront nécessairement des répercussions sur la politique. On peut le penser, mais tout dépend de la volonté des pays à permettre cette évolution, tout dépend de l'impact de cette globalisation sur l'état du pays. Il est de toute manière bien délicat de s'engager dans une théorie aussi englobante, mais elle présente un paradigme de réflexion intéressant.

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