Selon lui, le zawahirisme est à l'origine d'une outsurgency (j'ai cherché comment traduire ce néologisme, mais je n'ai pas trouvé). Une outsurgency est "un ensemble de franchises dispersées, plates et peu reliées entre elles, et d'individus isolés tous inspirés par une idéologie qui se transmet grâce aux nouveaux médias et à l'Internet". La différence avec une insurgency (insurrection) est que l'appel n'est pas local, mais s'adresse à toute la Ummah.
Roberts est, sans le dire, partisan d'une approche de smart power, un mélange entre le soft power et le hard power. Le soft power se présente sous différentes manières, la principale se trouvant dans une adaptation de l'endiguement à un mouvement terroriste. Cela consisterait à créer un récit pour contrecarrer celui existant du zawahirisme. Cela passe par un travail avec et entre des Musulmans, par des actions de concertation au niveau le plus local, par le développement l'éducation, le pluralisme et la tolérance. L'important est de se souvenir que ce récit ne peut être créé que par des Musulmans. Roberts réadapte un des fondamentaux de la contre-insurrection qui est de dire qu'il y a trois éléments sur un schéma : le bleu pour les leaders musulmans qui rejette les interprétations de Zawahiri, le rouge pour les Zawahiristes et le vert pour la Ummah. Comme il n'est pas possible d'anéantir le rouge, il faut gagner le vert pour que le rouge soit discrédité et perde toute légitimité auprès des verts rendant son existence très incertaine.
Le hard power prend la forme d'actions ciblées contre des individus. Roberts prône l'élimination des leaders, car même si l'impact est bref avant l'arrivée d'un remplaçant, cela peut contrecarrer les plans d'une attaque en cours.
Pour Roberts, il faudra être patient, car cette campagne sera très longue. En outre, il faut être conscient des dangers et ne pas vivre terrorisé et constamment affolé par la brutalité des terroristes, car c'est exactement l'effet qu'ils cherchent à provoquer.
Beaucoup de points sont très intéressants dans son article. Un point de critique qui se divise en deux aspects :
- Je pense qu'il existe déjà un contre-récit. L'idéologie d'Al Qa'ida a très largement été marginalisée ces dernières années justement grâce à des leaders islamiques qui ont su trouver les mots justes pour éloigner la Ummah de cette voie.
- Est-ce que le fait que le "rouge" soit discrédité aux yeux du "vert" et que ce dernier soit rallié au "bleu" est nécessairement une victoire ?
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