dimanche 7 mars 2010

Al Qa'ida en Iraq n'a plus de poids (mis à jour)



Je viens d'écouter le journal de RFI. Qu'entends-je ? Plusieurs tirs de mortiers à Baghdad et Baqouba ont troublé l'ouverture du vote ce matin. Ces actions ont été revendiquées par Al Qa'ida, qui après "avoir gâché" (mot de la journaliste) feront tout pour mettre à mal les élections.

Remettons quelques points au clair. Vu le peu d'intérêt des médias français à l'égard de l'Iraq, il n'est pas étonnant que ce type d'analyses puisse avoir cours. Pour autant, c'est faux !

En premier lieu, et c'est presque un détail mais caractéristique de la situation aujourd'hui, aucun attentat à la voiture piégée - bien plus sanglant et donc dans l'idéologie de chaos du mouvement - n'a eu lieu et il y a de fortes chances pour qu'il n'y en ait pas. En effet, il est interdit d'utiliser sa voiture ! Si vraiment AQ avait foi en ses capacités à frapper férocement le processus électoral, elle ne s'arrêterait pas à un tel contre-temps.

AQ n'a pas gâché la campagne électorale ! Certes, il y a eu des violences, mais il faut se rendre compte que Al Qa'ida en Iraq (AQI) survit plus qu'elle n'existe. Depuis 2007 en effet, AQI est fortement affaiblie. Elle avait fait notamment de la province d'al-Anbar quasiment sa forteresse. A partir de fin 2006, des milices sunnites ont décidé de lutter contre l'hyper-violence d'AQI et ont bénéficié d'un fort soutien américain autant logistique, financier que militaire. Cela a créé un effet domino et s'est reproduit dans plusieurs régions forçant AQI à un repli. AQI n'a aujourd'hui plus de sanctuaire. La seule zone où elle est encore très active est autour de Mossoul qu'elle estime être la bataille pour sa survie. AQI a subi une défaite stratégique, dans le sens où elle n'a depuis plus jamais réussi à imposer sa loi et n'a plus ni les hommes, ni les moyens de le faire.

Cela étant, un petit groupe de combattants subsiste toujours et est encore en mesure de mener des attaques à la voiture piégée, au mortier ou des attentats-suicides. Il ne faut donc pas balayer du revers de la main la menace qu'AQI représente. Pour autant, comme le souligne Nir Rosen qui revient tout juste d'Iraq, l'impact sur la vie de tous les jours est presque quelconque. En outre, la nébuleuse al Qa'ida - ceux qui sont cachés dans des grottes à la frontière afghano-pakistanaise - considère toujours l'Iraq comme une priorité dans leur lutte.

Certes, l'Iraq reste un pays en guerre, la violence est encore présente, l'insécurité existe toujours, et l'instabilité politique est bien réelle. Toutefois, la situation s'est considérablement améliorée depuis 2006 et les foyers de tension sont très concentrés, notamment autour de Kirkouk, mais les questions de sécurité n'ont pas à voir avec AQI. L'influence d'AQI et de ses attaques sur les élections sera quasiment nul, comme il l'a été lors du processus électoral (et non l'inverse comme je l'avais indiqué par erreur dans la précédente version).

***MISE A JOUR***

Les bureaux de vote sont désormais clos et l'on ne connaitra pas les résultats avant une dizaine de jours. Il en va de même du taux de participation. La journée a été marquée par de nombreuses attaques d'AQI, qui ont tué au moins 38 personnes. A savoir si cela a joué sur le taux de participation est difficile à bien percevoir. Il semblerait que la population iraqienne ait voulu voter coûte que coûte. Cependant, il semble peu certain que le taux atteindra celui de décembre 2005 qui s'élevait à 79,6%.    

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