Dans un nouveau rapport, le think tank britannique Chatham House a analysé les résultats des élections iraniennes en fonction des données fournies par le ministère de l'Intérieur. Les auteurs ont remarqué plusieurs erreurs ou incohérences :
* Dans deux provinces, le taux de participation est de plus de 100%.
* Dans un tiers des provinces, les résultats indiquent que le président iranien a pris depuis 2005 tous les votes conservateurs, tous les votes centristes, tous les votes des nouveaux électeurs, mais jusqu'à 44% des votes réformateurs, alors que ces derniers sont en opposition claire avec les premiers.
* C'est un mythe de penser qu'en Iran, les zones rurales votent majoritairement conservateurs. Expliquer la victoire d'Ahmadinejad par ce facteur ne tiendrait donc pas. Le problème que j'ai avec ce facteur et le précédent, c'est que leur argument ne s'appuie que sur les données de 2005. En effet, à l'époque, selon les données officielles, plus la zone était rurale, plus Ahmadinejad perdait des voix, alors qu'en 2009, ce facteur n'entrait pas en ligne de compte. Plusieurs questions que je me pose. Fonder tout un argument sur la comparaison entre deux élections est léger. Est-ce que les candidats sortants n'obtiennent-ils pas plus de voix que les prétendants dans les campagnes en Iran (moins d'accès à l'information, plus de propagande gouvernementale...) ? En 2005, Ahmadinejad n'était pas forcément très connu dans les zones rurales en tant qu'ancien maire de Téhéran. En 2009, il était le président sortant. De quelle popularité bénéficiait-il dans ces provinces pendant son mandat ? Il faudrait plus de données pour être aussi catégorique que les auteurs.
Dans l'ensemble, il y a un problème avec cette étude. Elle part du présupposé non-expliqué que les votes de 2005 sont une base pour analyser les votes de 2009. C'est d'ailleurs souvent le cas dans ce que j'ai lu à propos des élections iranniennes. Y a-t-il une raison historique pour considérer ce paradigme comme pertinent ? Il n'y a qu'à prendre l'exemple de la France. Les électeurs français sont de vraies girouettes. En quelques années de temps, le paysage français peut passer du tout rouge (PS) au tout bleu (UMP). Pourquoi l'Iran ne pourrait-elle pas fonctionner de la sorte ? On parle toujours du mécontentement de la population irannienne par rapport à la situation économique du pays et qu'elle accuse Ahmadinejad de ne pas faire assez pour arranger la situation. Outre le fait que j'aimerais être certain que ceci est un sentiment largement diffusé plutôt qu'une envie occidentale pour espérer le départ d'un président qui gêne, il n'y a qu'à prendre l'Europe comme exemple. On pourrait imaginer qu'en temps de crise, quand l'économie libérale est critiquée, voire vilipendée parfois, que les populations crient à l'aide gouvernementale, les partis socialistes européens remportent les élections. Eh non, ils se sont pris une claque face aux partis libéraux et conservateurs peu importe qu'ils soient au gouvernement ou dans l'opposition.
samedi 27 juin 2009
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