Je suis un fervent partisan des théories de Barry Buzan sur
les organisations de sécurité régionales, donc voir un texte sur la nécessité d'une telle institution dans le Golfe attire nécessairement mon attention. Le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) a été fondé en 1981 par les pays du Golfe (Arabie Saoudite, EAU, Bahreïn, Qatar, Oman et Koweït) pour se protéger dans l'hypothèse d'un débordement de la Guerre Iran-Irak. Pourtant, jamais le CCG n'a réussi à s'imposer dans la région, ni à se développer. Peut-être faudrait-il pour cela créer une nouvelle institution. C'est en substance ce qu'
estime Mohammed Jabber Al-Ansari dans une tribune pour le think tank Carnegie Endowment for International Peace.
Le doyen du College for Higher Studies au Bahreïn souhaiterait voir émerger des Accords d'Helsinki du Golfe, en référence à ceux signés en 1975. Pour lui, la situation requiert de prendre des mesures dans ce sens pour établir un nouvel ordre dans la région. Avant de négocier pour l'institution d'une organisation de sécurité collective - très Adlerien comme concept - l'auteur estime que trois obstacles doivent être surmontés :
* Il faut savoir si tous les membres du CCG sont prêts à défendre les mêmes intérêts ou pas, s'ils sont prêts à parler comme "un acteur unique". Je pense que c'est beaucoup demander, car c'est quasiment inatteignable et pas nécessaire, au regard par exemple de l'OTAN.
* Il faut analyser l'émergence de l'Irak comme Etat fort et se demander comment Baghdad peut avoir une influence positive sur la sécurité de la région.
* Il faut enfin se demander comment l'Iran peut devenir un contributeur de la stabilité de la région. L'attitude ambivalente de Téhéran est souvent source de confusion dans le Golfe. Toutefois, comme le note al-Ansari, "l'Iran n'a jamais causé autant de souffrance au monde arabe que le régime de Saddam Hussein".
Toutefois, le doyen n'est pas naïf et sait qu'un tel projet ne peut se réaliser sans soutiens extérieurs. Il faudrait donc coopérer avec les Etats-Unis, l'Union Européenne, la Russie, le Japon, la Chine et l'Inde, mais également avec la Ligue Arabe - et il souligne l'importance du leadership égyptien.
Pour lui, l'"OSC du Golfe" pourrait intervenir dans le différend américano-iranien. C'est envisageable, mais ce n'est pas là que je la verrai jouer un rôle-clé. Par contre, je pense que cette organisation pourrait contribuer à la stabilité de l'Irak une fois le retrait américain terminé pour éviter qu'une étincelle ne relance la violence.
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